Ils sont à la fois prisés des collectionneurs pour leurs motifs géométriques, et redoutés des baigneurs pour leur venin mortel. Mais voilà que les cônes marins sont désormais convoités par la recherche. Les conotoxines, autrement dit le poison qu’ils contiennent, auraient en effet des effets antidouleurs majeurs, sans être addictives comme la morphine. Or ces cônes foisonnent dans les eaux calédoniennes.
Récoltés et relâchés
L’entreprise entend vendre le venin, mais aussi développer la recherche locale autour des conotoxines. Et Matthieu Mancebo le jure, avec un impact contrôlé sur l’environnement. "Les cônes vont être récoltés à la main par des pêcheurs professionnels, énumère-t-il. Ils vont être amenés dans des aquariums où ils vont être conservés seulement deux à trois mois. On va prélever leur venin. Après, on va les relâcher dans la zone où ils ont été pêchés."
Geste coutumier
L’entreprise souhaite profiter aux Calédoniens, selon ses fondateurs, en alliant recherche sur place et association des populations locales. Elle a rallié à son projet des autorités coutumières, qui pourraient s’investir dans le projet. Un geste a d’ailleurs eu lieu ce vendredi 19 novembre, à Nouméa. "Les îles Loyauté n’ont pas de nickel, de minerai… Il faut trouver autre chose", lance Cyprien Kawa. "Ce secteur d’activité-là pourrait séduire les autorités coutumières, notamment les îles Loyauté."
On a un taux d’endémicité très élevé. Comment on fait pour valoriser tout ça à travers des recherches qui pourraient amener des retombées à la Nouvelle-Calédonie ? Et notamment aux sociétés qui s’investissent.
Cyprien Kawa, coutumier
Eviter les abus
Si le monde coutumier s’intéresse à ce type de projet c’est aussi pour éviter les abus du passé, qui ont permis à certaines entreprises de développer des brevets, au détriment des populations autochtones.
Game of cônes, reportage de Charlotte Mannevy