Référendum 2021 : pour ou contre le report au-delà du 12 décembre ?

Bulletin lors d'une précédente consultation référendaire.
La prochaine consultation d'autodétermination se fera-t-elle le 12 décembre ? L'évolution de la situation sanitaire, comme la visite du ministre des Outre-mer, livreront un verdict définitif. Néanmoins, les forces politiques prennent déjà position : maintien pour certains, report pour d'autres...

Alors que plus de 8 000 personnes ont été touchées par l'épidémie, que le pays déplore au moins 157 morts, la perspective d'un troisième référendum, le 12 décembre, divise la classe politique.

 

Report ?

"On doit à tout prix entamer des discussions pour pouvoir demander le report de cette consultation", explique Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l'Union calédonienne. "Dans tous les cas, le bureau politique du FLNKS demande d'ores et déjà le report", assure Charles Washetine, porte-parole de l'Union nationale pour l'indépendance. Le sujet devrait, en tout cas, être au cœur de la réunion du bureau politique du Front, qui doit se tenir ce mardi 5 octobre.

 

Maintien ?

Chez les non-indépendantistes, Sonia Backès pour les Républicains calédoniens, Gil Brial pour le MPC et Nicolas Metzdorf pour Générations NC estiment que cette date peut être maintenue. "Aujourd'hui, on a une vague épidémique qui est très lourde, mais on voit bien qu'on a un taux d'incidence qui baisse", argumente la présidente de la province Sud. "Dans quelques semaines, on sera sorti du plus dur de cette crise, donc en capacité d'organiser ce scrutin correctement. En tout cas, c'est la position que nous défendrons devant le ministre."

Le Rassemblement national privilégie un maintien de la date, selon un communiqué diffusé le 30 septembre. Mais si un report était préféré pour cause de dérive épidémique, la représentation locale du mouvement de Marine Le Pen "tient à une date la plus proche possible, dans les deux mois, de la date initiale". 

 

En fonction de la crise Covid ?

D'autres mouvements souhaitent rester plus pragmatiques. "On ne peut pas aller vers cette date sans maîtriser l'épidémie. Donc c'est la question qui va se poser dans les toutes prochaines semaines", estime Philippe Gomès, député de la seconde circonscription (Calédonie ensemble).

L’Eveil océanien pense, dans le même ordre d'idée, que la priorité est à la gestion de la crise sanitaire.

 

Plus pertinent ?

Autre point de vue, celui du Rassemblement-Les Républicains. Invité de la matinale radio il y a deux semaines, son dirigeant, Thierry Santa, s’interrogeait sur la pertinence de cette consultation : "Il faut vraiment se poser la question de la nécessité d'un troisième référendum dans la situation dans laquelle nous nous trouvons et au-delà, pour l'avenir de la Calédonie."

 

Quid du taux de participation ?

Un risque, c'est bien sûr que les records de participation enregistrés lors des deux premiers scrutins soient en chute libre. "On se doit d'avoir un résultat de cette consultation qui soit incontesté et incontestable. A vouloir à tout prix l'organiser, c'est le taux d'abstention qui risque d'être le vainqueur de cette consultation", ajoute Pierre-Chanel Tutugoro.

Pour Charles Washetine, l'organisation risque d'être difficile à mettre en place "Là, on le voit déjà avec les bureaux de vote décentralisés. À ce jour, on n'a enregistré que 14 personnes qui sont venues s'inscrire."

 

Pas de campagne de proximité

Se pose aussi la question d'une campagne électorale, fatalement tronquée. "La question est maintenant de savoir si on peut aller vers une date de référendum où la campagne sera essentiellement en audiovisuel et surtout sur les réseaux sociaux, puisqu'on a compris qu'on ne risque pas de faire la tournée des tribus, des villages ou des quartiers", rapelle Philippe Gomès.

"Des campagnes électorales par visio, nous on ne sait pas le faire", répond Pierre-Chanel Tutugoro.

"On en est à la troisième campagne électorale, estime en revanche Sonia Backès. Tous les arguments ont déjà été donnés lors de la première et de la deuxième campagnes. Il faut ajouter à ça le document sur les conséquences du Oui et du Non. Donc aujourd'hui, on est en capacité d'organiser ce scrutin."

Sébastien Lecornu durant son séjour calédonien, en octobre 2020.


Un dossier qui sera, à n'en pas douter, le point d'orgue de la visite de Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer attendu en Nouvelle-Calédonie ce mardi 5 octobre. A défaut d'unanimité, il devra trouver un consensus. L'enjeu est en tout cas d'importance. Sans parler des préparatifs déjà avancés en vue de tenir la date du 12 décembre.