Le pays a l'habitude de trembler. Mais en cinq jours, le Vanuatu a été secoué plusieurs centaines de fois ! Une réplique de magnitude 6,1 a même été ressentie dimanche 22 décembre, à 2h30 du matin. De quoi entretenir l'angoisse de la population, après la catastrophe qu'un séisme de 7,3 sur l'échelle de Richter a causée mardi.
Douze morts et 210 blessés
Le phénomène a fait douze morts et 210 blessés, selon le bilan diffusé samedi par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU en Asie-Pacifique - il cite le ministère vanuatais de la Santé. Près de 1 700 habitants n'ont toujours pas regagné leur domicile. La majeure partie de ces déplacés sont accueillis dans des centres d'évacuation, mais certains campent à même les terrains vagues.
"Beaucoup de secousses"
Ils risquent de ne pas être rassurés de sitôt, selon l'expertise de Bernard Pelletier, ancien géologue de l'IRD en Nouvelle-Calédonie. "Après un fort tremblement de terre, explique-t-il, on a en général beaucoup de secousses, et des fortes répliques de temps en temps. Ces répliques sont d'une magnitude bien inférieure, normalement, au tremblement de terre principal. Il a été de 7,3. Les répliques, de l'ordre de 6."
"C'est une crise sismique"
"Il peut y avoir encore d'autres répliques de cette force, dans les semaines qui viennent. En général, elles décroissent en magnitude", précise le géologue à la retraite. C'est ce qu'on appelle une crise sismique. "Un gros séisme est suivi de nombreuses répliques et une crise sismique peut se dérouler sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Plus le séisme est gros, plus la crise est longue. On peut aussi avoir un gros séisme qui revient à nouveau. Mais en général, c'est plutôt rare."
À la frontière de deux plaques
Déjà en temps normal, notre plus proche voisin est réputé pour ses tremblements de terre à répétition. "Le Vanuatu est situé sur un arc insulaire, à la jonction entre deux grandes plaques, resitue Bernard Pelletier. La plaque australienne qui porte la Nouvelle-Calédonie plonge sous la plaque Pacifique et l'arc Vanuatu. Cette subduction - une plaque qui passe sous une autre - entraîne tremblements de terre, volcanisme etc. "
Vanuatu est situé sur une des zones sismiques le plus actives au monde. On a des centaines, des milliers, de séismes par an. Les très très forts sont relativement rares.
Bernard Pelletier, géologue de l'IRD à la retraite
Et la Calédonie ?
Le scientifique se souvient que "le maximum enregistré avait une magnitude autour de 8. C'était bien plus au Nord, entre les Salomon et le Vanuatu. Là, 7,3 est un très fort séisme et le problème est qu'il était très proche de la capitale." La Calédonie doit-elle s'inquiéter ? "Une crise sismique peut l'impacter si elle se situe, toujours sur la frontière de plaques, mais plus au Sud, répond l'expert : à l'Ouest de Tanna, Erromango ou Anatom, juste en face des Loyauté. On peut être fortement secoué si le séisme est par exemple entre Tanna et Lifou."
À travers la région
La région connaît une réelle activité, ces jours-ci. D'après le réseau sismologique de l'IRD, un phénomène d'une puissance de 3 s'est produit au niveau des Loyauté ce dimanche à 17h14. Les Salomon en ont vécu un de magnitude 5, dimanche en début d'après-midi, selon l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis. Des séismes de magnitude 4,9 puis 5 sont survenus aux Fidji samedi après-midi et dimanche matin. Vendredi soir, c'était l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande, avec une puissance de 4,5.