L'Australie envisage des solutions alternatives en cas d'échec du "contrat du siècle" avec la France. Il porte sur la construction de 12 sous-marins océanique de nouvelle génération pour la Marine de l'immense île-continent, a annoncé un responsable du ministère de la Défense australien.
Le Premier ministre Scott Morrison doit rencontrer le Président français Emmanuel Macron à Paris. "La rencontre se tiendra après la réunion du G7-plus, les 11,12 et 13 juin à Carbis Bay, au Royaume-Uni", a précisé ABC News, "A Paris, le Premier ministre devrait faire pression sur le Président Macron au sujet du futur programme de sous-marins qui rencontre des difficultés".
Mai 2016 : les sous-marins après le nickel
La question de la poursuite de ce projet est un sujet sensible sur le plan de la politique intérieure australienne. Le "contrat du siècle" avait été officialisé à Canberra par Manuel Valls, qui était alors Premier ministre, et son homologue australien Malcolm Turnbull, le 2 mai 2016. Quelques jours auparavant, en Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls avait annoncé le soutien de la France à la Société Le Nickel, alors en grande difficulté.
Un contrat stratégique
Le contrat australien, d'un montant de 68 milliards de dollars (56 milliards d'euros), conclu avec le groupe français Naval Group (ex-DCNS) pour la construction de ces 12 sous-marins à propulsion conventionnelle en Australie est aujourd’hui accusé de dépassements de budget et de retards, ce dont se défend l'industriel. En août 2016, Il avait fait aussi l’objet d’une tentative de déstabilisation par voix de presse. Un concurrent de Naval Group (ex-DCNS) avait été suspecté.
Un plan B au cas où...
"Il est prudent que la Défense australienne envisage des alternatives si nous n'étions pas en mesure de poursuivre le projet", a déclaré lors d'une audition au Sénat Greg Moriarty, le plus haut fonctionnaire en charge du dossier au ministère australien de la Défense.
"Prudent, le ministère élabore un plan d'urgence", a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement australien demeure "absolument déterminé" à résoudre les problèmes avec le leader français Naval Group.
Les autorités australiennes ont cependant affirmé que les détails concernant ce "Plan B", de secours, sont classifiés.
M. Moriarty a précisé que le sujet est tout particulièrement étudié depuis quelques mois.
"J'ai davantage réfléchi à cette question au cours des 12 derniers mois car, pour moi, il est devenu évident que nous avions des difficultés avec ce programme de sous-marins de nouvelle génération", a-t-il ajouté.
Nec plus ultra
La France a accepté les transferts de technologie les plus sensibles liés à ce sous-marin particulièrement performant. Les douze sous-marins de la classe Attack sont une version conventionnelle du Barracuda français à propulsion nucléaire. Ils doivent être construits à Port Adélaïde. Le chantier est gigantesque et les défis industriels sont nombreux.
Naval Group avait été choisi en 2016 pour la construction de ces sous-marins, avec une première livraison prévue en 2032. Cependant, depuis, la mise en œuvre du programme s'avère agitée, a commenté l'AFP.
Le patron de l'industriel français, Pierre-Eric Pommellet, s'est récemment rendu en Australie. Sur place, il s'est engagé à ce que 60% de la valeur du programme revienne à l'Australie, une exigence de Canberra.
Les deux parties ne sont en revanche toujours pas parvenues à finaliser l'étape suivante du contrat, portant sur trois milliards de dollars et qui était prévue pour le début de l'année.
Le contrat concerne 2.800 emplois dans la région d'Adélaïde en Australie, à 3 000 kilomètres de la Nouvelle-Calédonie, il occupe parallèlement 500 personnes en France, essentiellement dans la partie conception, à Cherbourg-en-contentin. Dans le cadre du contrat, des familles australiennes se sont installées sur place.
Les spécialistes australiens des questions militaires espèrent que ces sous-marins permettront à l'Australie d'opposer une force de dissuasion crédible en cas d'action hostile. "Si le contrat ne se réalisait pas, ce serait un coup dur pour l'axe Indo-Pacifique qu'Emmanuel Macro appelle de ses voeux et dont ce contrat est l'un des actes fondateurs" précise Bastien Vandendyck, analyste en relations internationales et spécialiste du Pacifique.
Rapport parlementaire
Le rapport 2021, remis par le ministère des Armées au Parlement, sur les exportations d’armement de la France, montre une baisse des commandes. La France reste cependant le troisième exportateur mondial. La zone Asie-Océanie a représenté 22% des exportations françaises en 2020, soit "une part légèrement supérieure à celle observée ces trois dernières années" a précisé le ministère des armées français dans ce rapport. Cette année, un contrat avec l’Indonésie sur la vente de 36 Rafale serait en bonne voie.