Témoignage : attaqué par un requin en 2014, Laurent Borgna a changé de comportement

Certains le disent « miraculé ». En 2014, Laurent Borgna est victime d'une attaque de requin-tigre, en baie de Sainte-Marie. S’il a repris la mer, il a depuis changé ses habitudes.

Ce n’est pas seulement pour le plaisir que Laurent Borgna file comme une fusée sur l’eau. Designer numérique de foils pour une célèbre marque franco-japonaise, il teste très régulièrement ses prototypes, imaginés sur ordinateur, en mer. Mais depuis 2014, tous ses sens sont en alerte lorsqu’il se met à l’eau.

Et pour cause, un jour de pluie, il part « en baie de Sainte-Marie, comme j’en avais l’habitude et je suis tombé », raconte-t-il. Une chute qui aurait pu être sans conséquence, mais « j’ai pris mon temps pour remonter, peut-être un peu trop. J’ai mis un pied sur la planche, au moment de poser le second, j’ai senti une secousse. Pas violente, mais j’ai compris qu’il s’était passé quelque-chose. »

J’ai pris mon temps pour remonter, peut-être un peu trop. J’ai mis un pied sur la planche, au moment de poser le second, j’ai senti une secousse. Pas violente, mais j’ai compris qu’il s’était passé quelque-chose.

Laurent Borgna

 

Son artère tibiale est en fait sectionnée. Laurent Borgna parvient à s’en sortir, en abandonnant sa planche et en se laissant tracter par son aile jusqu’au bord.

Un accident, qui se produit après 21 ans à sillonner le lagon sans aucun problème. Très vite, Laurent Borgna décide de se remettre à l’eau. « Je n’envisageais absolument pas d’arrêter. Pas une seule seconde. Dès que je suis sorti de l’hôpital je suis retourné à l’eau. »

Des précautions à chaque sortie

Une expérience qui aurait pourtant pu se révéler une nouvelle fois traumatisante : « c’était avec un copain qui s’appelle Benoît, on a pris le bateau, on est allé à Goëland et ce jour-là… je suis retombé nez à nez avec un requin », raconte Laurent.

Aujourd’hui âgé de 50 ans, et avec près de 40 ans de navigation derrière lui, le rider explique désormais « avoir vraiment peur. Donc je calcule : je navigue proche du rivage, j’essaie de faire en sorte qu’il y ait toujours du monde pas loin. »

J'ai vraiment peur. Donc je calcule : je navigue proche du rivage, j’essaie de faire en sorte qu’il y ait toujours du monde pas loin.

Laurent Borgna

 

Les attaques qui semblent se multiplier ? Celui qui est un indéfectible optimiste veut croire que c’est une mauvaise saison et entend profiter encore profiter du « laboratoire de développement exceptionnel » qu’est la Calédonie. « Je bricole, je fais une petite modif’ et en 5 minutes je suis à l’Anse-Vata et je vais tester directement. Il y a peu d’endroit au monde où tu peux faire ça », lance-t-il. Par contre, fini les downwind seul sur l’eau assure-t-il.

 

Le témoignage de Laurent Borgna en images, par Karine Arroyo et Laura Schintu :