Territoire du Nord: le rapatriement des Aborigènes dans l'Outback, suspendu pour cause de faillite

Les employés et partisans de Larrakia Nation ont manifesté mardi devant le Parlement du Territoire du Nord.
Larrakia Nation, un organisme d’aide sociale pour les Aborigènes, est menacé de fermeture, car il croule sous les dettes. Mardi, les employés de Larrakia Nation ont manifesté devant le Parlement de l’état pour réclamer au gouvernement une injection de fonds.
Larrakia Nation est basé à Darwin, la capitale du Territoire du Nord, située tout au nord. L’organisme vient en aide aux premiers Australiens dans différentes situations: il mène des patrouilles la nuit pour recueillir les personnes ivres, et les placer dans des refuges où elles peuvent se dégriser en toute sécurité. Larrakia Nation fait aussi soigner les SDF et s’occupe des personnes âgées pauvres, à Darwin et en banlieue.
 

Le retour au pays depuis Darwin, par bus ou par avion 

Mais c’est surtout son programme Return to country (“retour au pays”), qui a creusé le déficit de l’organisme social. Larrakia nation paie les billets de bus et d’avion des Aborigènes trop pauvres pour rentrer dans leurs villages d’origine, souvent très isolés, dans le Territoire du Nord. Beaucoup de premiers Aborigènes du bush et de l’outback se rendent à Darwin pour y recevoir des soins médicaux, comparaître devant des tribunaux, ou participer à des tournois de footy (AFL). Souvent, ils ratent les vols retours subventionnés par le gouvernement du territoire, et finissent par errer dans Darwin, passant leurs nuits dans la rue. Larrakia Nation les récupère et finance leur retour dans l’Outback. 
Mardi devant le Parlement, David Kurnoth, le coordinateur de la patrouille de nuit de Larrakia Nation, a pris la parole devant les manifestants:
« Ces trois dernières années, nous avons rapatrié 10 000 personnes dans leur village, et nous l’avons fait à perte. Nous avons pris nos responsabilités, et le gouvernement nous dit maintenant que le “retour au pays” est un mauvais programme. »
Normalement, les Aborigènes rapatriés doivent rembourser la totalité du coût de leur voyage à Larrakia Nation, petit à petit, en puissant dans les allocations versées par la sécurité sociale fédérale (Centrelink). Mais en réalité, très peu remboursent.
Résultat: Larrakia Nation risque de faire faillite. L’organisme a été placé sous administration judiciaire en juin, et depuis, il a réussi à réduire sa dette initiale de 1.8 millions de dollars, grâce à une aide financière du gouvernement de l’état en juillet, et à quelques mesures d’économies – entre autres: Larrakia Nation a fermé son service de savoir culturel (qui organise des conférences et des formations interculturelles).
Mais surtout, l’organisme a commencé à faire payer les trajets de rapatriement des Aborigène dans leurs communautés isolées. Ils devaient régler tout de suite 30% du voyage. Mais les clients n’ont pas les moyens d’avancer ces sommes, donc le service est maintenant interrompu depuis 3 mois.
 

Le gouvernement de l'état et le gouvernement fédéral se rejettent la responsabilité

Mardi pendant la manifestation, Michael Gunner, le Ministre en chef (chef du gouvernement) du Territoire du Nord, a renvoyé la responsabilité du sauvetage de Larrakia Nation au gouvernement fédéral. 
« Je pense que vu que c’est une dette qui concerne Centrelink (la sécurité sociale australienne), nous travaillons avec le gouvernement fédéral, pour voir quelles mesures il va prendre. Le gouvernement fédéral est le premier interlocuteur à solliciter », a déclaré Michael Gunner sur ABC. 
Pauline Baban, une aînée de la nation Larrakia, estime que l’organisme d’aide sociale est irremplaçable, tout simplement parce que le gouvernement de l’état ne veut pas se charger lui-même de ces services essentiels aux Aborigènes.
« Le problème des Aborigènes en déplacement, le gouvernement ne veut pas le prendre en charge. Il est prompt à dire qu’il va nous donner du financement, mais ils préfère toujours déléguer le travail. »
Larrakia Nation devait rembourser 500 000 dollars à ses créanciers d’ici le 6 décembre, mais d’après Michael Gunner, la date-butoir pourrait être repoussée à début 2017.