La crise des sous-marins n’est pas encore retombée que le business avec l'Australie reprend, plus modestement il est vrai, dans le nickel.
Le projet est dans l'air du temps, il s'agit de construire une usine chimique de nickel pour produire des poudres raffinées utilisables dans la fabrication des batteries électriques, à partir de minerai Calédonien.
Dans son communiqué daté du 27 septembre, le gouvernement du Queensland indique que la région du nord-est de l’Australie a fait un pas de plus vers l’installation d’un nouveau site industriel, "une usine chimique "de pointe" située dans la zone industrielle de Lansdown à Townsville".
La société à l'origine du projet s'appelle Queensland Pacific Metals (QPM). Le montant de l'investissement n'est pas précisé, l'usine devrait entrer en production en 2023. Un délai qui paraît très court. Le procédé utiliserait de l'acide nitrique pour extraire le nickel et les autres métaux.
Sur son site, où il est question de la Nouvelle-Calédonie, QPM propose de "redynamiser l'industrie du Nickel avec une production durable."
L'installation industrielle (Townsville) propose de traiter 1,5 million de tonnes de minerai de Nouvelle-Calédonie par an (…) pour une utilisation dans la fabrication émergente de batteries de véhicules électriques
"Le minerai à haute teneur de Nouvelle-Calédonie serait importé via le port de Townsville et transporté vers l'installation industrielle" a indiqué Scott Stewart, ministre des Ressources du Queensland et député de Townsville.
Réaction à Nouméa
"Les australiens parlent de minerai à "haute teneur" mais en réalité, pour nous, ce sont des latérites et ce n’est pas ce qui manque en Nouvelle-Calédonie," a réagi un expert Calédonien du nickel qui n'a pas souhaité être cité mais met en en garde contre "la multiplication des projets liés à la transition énergétique, des projets pas toujours fiables et parfois spéculatifs."
En tout cas, sur le site pilote du parc industriel de Lansdown, des tests auraient déjà été réalisés, et les Australiens semblent y croire. L’entité industrielle porte un nom : Centre des produits chimiques énergétiques de Townsville (Townsville Energy Chemicals Hub TECH).
"l’usine de Townsville utiliserait du minerai de Nouvelle-Calédonie pour produire du sulfate de nickel, du sulfate de cobalt, de l'alumine de haute pureté et d'autres sous-produits - produisant, pour le première fois au monde, presque zéro déchet" poursuit Steven Grocott, PDG de Queensland Pacific Metals.
Queensland Pacific Metals (QPM) indique avoir déjà conclu des accords pour vendre son nickel aux sociétés coréennes LG Energy Solutions, le plus grand fabricant de batteries au monde, et POSCO, un grand conglomérat du nickel, bien connu en Nouvelle-Calédonie.
"Ce pôle de chimie énergétique (du nickel) est lancé et il va soutenir la reprise économique dans le nord du Queensland" a précisé Steven Mills, ministre en charge du développement du Queensland.
Townsville
Queensland Pacific Metals (QPM) propose de construire l’usine à environ 40 km au sud de Townsville. Signe que le projet va bon train, le gouvernement du Queensland a déjà engagé 12 millions de dollars pour soutenir les infrastructures ferroviaires et routières.
Il s'agit de relier la zone industrielle de Lansdown au port de Townsville, qui serait le terminal d’arrivée du minerai calédonien et servirait aussi à exporter la production de nickel électrique destiné aux producteurs de batteries.
Le Queensland possède une tradition minière et industrielle. La ville côtière du nord-est du Queensland fait face à la Nouvelle-Calédonie, distante d’un peu moins de 2000 kilomètres. Townsville est une base idéale pour importer du minerai de nickel.
"Le projet créera environ 800 emplois dans la construction (prévue en 2022), et sa phase d'exploitation créera environ 1700 emplois, dont 300 emplois hautement qualifiés dans l'usine et 1400 emplois indirects," selon Steven Miles ministre du Développement du Queensland.
Dans un communiqué publié en avril 2021, Queensland Pacific Metals indiquait avoir signé un protocole d’accord avec la SLN, filiale du groupe Eramet, "pour la fourniture de minerai de nickel latéritique de Nouvelle-Calédonie" destiné au projet TECH, la future usine chimique à Townsville.
L'information, concernant la SLN, n'est pas évoquée dans le communiqué du Gouvernement du Queensland, ce 27 septembre. A Paris, le groupe Eramet n'a pas souhaité réagir, ni faire de commentaire.
LME Nickel le 27/09/2021 à 18:15 GMT : 18.900 dollars/tonne -1,64%.