Le passé de la Calédonie, souligne Christophe Sand, a donné lieu à controverses depuis le début de la période coloniale. La question est de savoir à quel point la population reste sur des discours mythiques, et à quel point elle y intègre les résultats scientifiques démontrés par les archéologues.
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Des rayonnages chargés de boîtes, et à l’intérieur, trois mille ans d’histoire calédonienne ! Depuis le premier peuplement de la Calédonie, caractérisé par ces poteries Lapita arrivées du Nord de la Mélanésie. Les nombreuses recherches archéologiques menées ces dernières décennies permettent à Christophe Sand de présenter une synthèse historique de notre passé lointain. Avec des techniques comme la datation du corail, ou la recherche de l'origine des pierres qui ont servi à fabriquer les haches, explique le directeur de l’IANCP, l'Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique. C’est l’objet de la conférence donné par ses soins ce jeudi soir, au centre Tjibaou.
Le reportage de Sheïma Riahi et Gaël Detcheverry.
Explications de Christophe Sand recueillies par Jean-Paul Treuil.
Le reportage de Sheïma Riahi et Gaël Detcheverry.
Processus
«Le processus d’enracinement, décrit-il, va provoquer sur les centaines d’années, puis les millénaires suivants, une diversification des traditions culturelles. Des évolutions au fur et à mesure du temps qui vont aboutir, il y a à peu près mille ans, à l'émergence d’un nouvel ensemble culturel spécifiquement kanak. Où les gens créent quelque chose de nouveau pour répondre aux contraintes du moment. C’est cet ensemble culturel qui va se développer jusqu’à l’arrivée des Européens.»Trouver «une passerelle» entre les mythes
Pour l’archéologue, l’enjeu désormais est de se réapproprier un passé commun, pour se projeter vers un avenir meilleur. «La réalité calédonienne aujourd’hui, estime Christophe Sand, c’est que le peuple kanak a le symbole de Téâ Kanaké, et les caldoches se sont créés un nouveau mythe ces trente dernières années, c’est celui du bagne. Mais pour le moment, la passerelle entre ces deux mythes d’origine ne s’est pas encore faite. Or, pour le succès de la communauté de destins, il faudra que la société calédonienne réfléchisse à quelque chose qui permette de mieux associer, dans un mythe à fonder, dans quelque chose à créer. Comme les Français ont créé le mythe de "nos ancêtres les Gaulois" au dix-neuvième siècle.»120 générations
Un questionnement éminemment politique. Reste à savoir si, à l’approche du référendum, les Calédoniens sont prêts à assumer cette histoire, vieille de trois mille ans. C'est-à-dire de 120 générations.Explications de Christophe Sand recueillies par Jean-Paul Treuil.