Une Biennale de la construction sous l'angle de la crise : des entreprises prévoient de s'arrêter d'ici trois mois

La seconde édition de la Biennale de la construction était organisée ce mardi 19 novembre dès 9h30 au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Ce mardi 19 novembre s'est déroulée la seconde d'édition de la Biennale de la construction. L'occasion de faire un point sur les dégâts subis en Nouvelle-Calédonie et proposer de nouvelles solutions pour l'avenir. Pourtant, de nombreuses entreprises, sans visibilité risquent de ne plus être en activité d'ici trois mois.

En tout, 22 milliards de francs Pacifique de dégâts sont à déplorer au 12 septembre 2024, rien que pour les infrastructures publiques, selon le groupe de travail mis en place par le gouvernement. D'autres estimations des dommages ont été dévoilées durant cette Biennale : 7,15 milliards de CFP pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, 1,81 milliards de CFP sur la province Sud, et des coûts de 5,74 milliards touchant l'enseignement, dont 720 millions de CFP pour le lycée Petro Attiti à Nouméa. 

Perte de 20% de l'activité 

La reconstruction était au cœur des échanges. Mais depuis les violences de mai, les carnets de commandes sont vides. De nombreuses entreprises sont en très grande détresse. Selon la fédération du BTP, il y avait une perte de 20 % de l'activité avant les émeutes. Six mois plus tard, 80 % des chantiers non lancés ont été suspendus. Si rien n'est fait, les entreprises prévoient de stopper leurs activités d'ici trois mois. 

"Transformer les annonces en actions immédiates"

Eric Lafitte, directeur de la société Arbé et élu CCI, détaille les différentes situations de précarité dans lesquelles peuvent se retrouver des entrepreneurs en ce moment. "Ce qui est très compliqué pour les chefs d'entreprise, c'est l'absence totale de visibilité. En ce moment, certains décident de fermer leurs entreprises ou de les mettre en sommeil, d'autres se refusent de perdre leurs compétences et restent dans l'attente alors qu'ils n'ont plus de chiffre d'affaires d'ici quelques mois. Ils restent dans l'attente d'aides, de chantiers qui tomberaient du ciel. Beaucoup aussi n'ont pas la trésorerie pour lancer un licenciement". 

En Nouvelle-Calédonie, le secteur du BTP représente 6 000 salariés, sans compter les patentés. Pour les professionnels, la solution repose notamment sur la commande publique. 

Stéphanie Arrieguy, secrétaire général de la fédération du BTP alerte sur le manque de visibilité des entreprise, "l'urgence aujourd'hui c'est de transformer les annonces en actions immédiates". 

"Repenser la construction"

Une reprise essentielle alors que les finances des collectivités sont au plus bas. Sans surprise, l’année 2025, sera essentiellement tournée vers la démolition. Ce qui ne concernera qu’une partie des entreprises. Pour les autres, les professionnels ont identifié des projets structurants qui pourraient être lancés rapidement, à commencer par le confortement du barrage de Yaté ou la prolongation des deux voies jusqu’à Tontouta. 

Jean-Christophe Rigual, ingénieur pour l'agence calédonienne de l’énergie, voit dans ces chantiers l'opportunité de changer les habitudes. "C'est une opportunité de repenser la construction en Nouvelle-Calédonie avec tout ce qui reste à reconstruire à ce jour".