Vente à prix fixes : une solution pour les producteurs de salades?

En juillet 2023 le prix des salades est passé de 900 francs à 300 francs le kilo
La saison fraîche est propice à la production de légumes et en particulier des salades. Pour éviter les prix cassés, liés à la surproduction de légumes, une agricultrice bouraillaise propose de vendre les salades toute l’année à prix unique et directement aux distributeurs, sans passer par les grossistes.

Au marché de Nouméa, le prix des salades a été divisé par trois en quelques mois. Elles sont passées de 900 à 300 francs le kilo. Bonne affaire pour les consommateurs, moins pour les petits producteurs.

De longues journées pour produire ses salades

A Bourail, Dominique Burguière se bat contre la fluctuation des prix. Il y a trois ans, sans emploi, cette mère de famille a créé sa micro-entreprise. Elle décide de se lancer dans la production de salades. Entre crise sanitaire et inflation, les débuts sont difficiles. Dominique Burguière n’a pas de salarié. Elle travaille seule et arrive à faire tourner son entreprise, au prix d’un important investissement personnel. Elle travaille de six heures à dix-huit heures, tous les jours même le week-end.

Surproduction à la saison fraîche

De juillet à septembre, c’est plus difficile. Les conditions météorologiques sont favorables à la production de légumes. De petits maraîchers occasionnels se lancent et participent à une forte augmentation de la récolte. Selon l’agricultrice bouraillaise, revendeurs et grossistes profitent de cette situation d’abondance.

La majorité des producteurs sont dans le circuit de commercialisation. A un moment donné, c'est bouché de tous les côtés. Comme ça ne part pas dans les rayons, il y a trop de quantité, même si les consommateurs prennent. Les revendeurs demandent alors de baisser les prix, pour que ça parte. Mais eux ne baissent pas leur marge.

Dominique Burguière productrice de salade

Pour Dominique Burguière, la solution c’est de fixer un prix à l’année et de vendre directement à un distributeur, sans passer par un grossiste. Un "circuit court" qu’elle s’efforce de mettre en œuvre. C’est le cas dans une chaîne de magasins, qui lui achète ses salades 450 francs le kilo et les revend 550 francs le kilo. Fixer les prix et réduire la marge des revendeurs permettrait ainsi de garantir un revenu aux producteurs. Les consommateurs pourraient alors bénéficier d’un prix juste, à la hauteur du travail fourni. 

Nous souhaitons garder un prix fixe. Ça permet de valoriser le travail d'un agriculteur calédonien. Pour notre clientèle, même en période de faible production, quand les prix de la salade augmentent fortement, chez nous les prix restent les mêmes.

Sébastien Payet, gérant de centre commercial

Avis opposé pour un boucher-charcutier. Pour lui, appliquer un prix fixe aux quelques salades qu’il propose, n’est pas possible.

Je ne suis pas favorable, car dans des villages comme le nôtre, il y a des petites gens, qui n'ont pas beaucoup de revenus et qui font une petit peu de salades, un petit peu de tomates, qui aiment bien vendre leurs produits, pour avoir quelques pièces. Si l'on a un prix fixé par les gros producteurs, eux ne passeront pas.

Marcel Vi, boucher-charcutier à Bourail

Ne plus vendre à perte

Engagée, l’agricultrice appelle l’ensemble des agriculteurs à se mobiliser pour imposer des prix fixes et à ne plus vendre à perte, durant les périodes de surproduction.

Le reportage TV de David Sigal et Ismaël Waka-Céou

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