"On a une vraie prise de conscience des autorités judiciaires, police et gendarmerie, qui sont de mieux en mieux formées. Et il y a aussi, au niveau de la population, une vraie prise de conscience avec une libération de la parole. Dans toutes les communautés, on en parle de plus en plus et on encourage les femmes à parler", a indiqué Pauline Syemons. Ce qui explique qu’au cours des dernières années, le nombre de dépôts de plaintes, seule source statistique, est en hausse.
L’an dernier, en Nouvelle-Calédonie, 1500 procédures ont en effet été ouvertes pour des violences conjugales. "Mais ça reste très minoré car entre celles qui portent plainte et celles qui ne le font pas, il y a encore énormément de marge", a-t-elle expliqué. "Beaucoup de victimes ont encore peur de porter plainte ou ne voient pas l’intérêt de le faire. Ou simplement elles ne se rendent pas compte de ce qu’elles vivent".
"La santé sexuelle concerne les stéréotypes de genre"
Au-delà de l’axe judiciaire et répressif, la question de la prévention est absolument essentielle pour prévenir les violences. Le Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) lutte au quotidien contre les stéréotypes de genre et le sexisme. "La violence c’est le bout de l’iceberg, celui qu’on voit et qui inquiète bien souvent les gens, mais tout est lié. La santé sexuelle concerne les stéréotypes de genre". Les rapports de domination de l’homme sur la femme sont les causes directes des violences fondées sur le genre. "C’est ce qu’on essaie de faire comprendre aux professionnels lors de nos interventions. Le bout de la chaîne, ce sont les violences. Il faut donc garder ça en tête".
La prévention au cœur de l’action du CP2S
Alors pour lutter contre les violences sexistes, il faudrait que les normes sociales changent mais pas seulement selon la directrice du CP2S. "C’est évident que ce sont les mentalités qui devraient évoluer, mais on sait aussi qu’elles évoluent lentement. Il y a aussi des actions qu’on peut mettre en place plus rapidement comme les formations des personnels de l’enseignement et du judiciaire aux stéréotypes car on en véhicule tous et toutes". La prévention reste essentielle pour prévenir les violences. "C’est évident qu’il faut traiter les violences car c’est extrêmement important de ne pas laisser les victimes et les auteurs dans ces situations, mais il ne faut pas oublier la prévention. Certes elle se voit moins à court terme, mais c’est ce qui va vraiment faire changer les choses", a indiqué Pauline Syemons.
En ce sens, le CP2S mène toute l’année des ateliers de sensibilisation auprès des collégiens et lycéens mais aussi dans les maisons de quartier avec les tout-petits. "On a le pouvoir de leur parler des stéréotypes de genre dès le plus jeune âge et d’aborder d’autres sujets sur la sexualité comme le consentement et l’intimité."
Un entretien à retrouver ici.