Trois cas d'homicides intrafamiliaux en 2022, deux en 2023 et à côté, les chiffres des violences qui ne cessent d'augmenter en Nouvelle-Calédonie. Ce samedi, le collectif "Cris et pleurs de femmes" a réussi à rassembler plus de 300 personnes dans les rues de la capitale ; une mobilisation pour dire "stop" à toutes formes de violences envers les femmes.
"Il faut entendre la douleur des familles des victimes et cette mobilisation, elle est saine. Elle est forte et elle a du sens et il faut dire non aux violences conjugales et intrafamiliales" commente Yves Dupas, le procureur de la République, invité du journal télévisé de 19h30 ce samedi.
Ce qui marque tout d'abord sur ce territoire, c'est le volume des procédures de violences au sein du couple. C'est plus de sept faits pour mille habitants, le double de la Métropole. Il y a également l'intensité des violences, des violences graves et sans limites qui peuvent conduire aux décès des victimes.
Yves Dupas, procureur de la République
Quels dispositifs pour les victimes et les auteurs de violences ?
Lors de son interview, il a évoqué certains dispositifs existants sur le territoire comme l'accueil dans un foyer ou à l'hôtel, sur réquisition des services d'enquête, pour les victimes. "Nous avons mis en place un système très réactif dans le traitement de l'enquête. La première des règles, c'est que l'enquête ne traîne pas, qu'elle aille vite parce qu'il s'agit de la sécurité."
Il y a bien sûr la prise en charge des victimes, mais Yves Dupas a également évoqué la prise en considération des auteurs de violences, notamment avec le bracelet anti-rapprochement. "La proposition a été enclenchée cette semaine" indique-t-il. "Nous avons aussi un projet qui verra le jour en mars prochain : l'ouverture d'un centre de prises en charge des auteurs de violences intrafamiliales, dans le cadre d'une mesure de contrôle judiciaire."
Bientôt une unité médico judiciaire hospitalière
Jusqu'à présent, il n'existe pas d'unité médico légale en Nouvelle-Calédonie, "le seul territoire à ne pas avoir ce dispositif" précise Yves Dupas. Cependant, il révèle qu'un projet est en cours avec l'État, dans le cadre du contrat de développement, pour créer une unité médico judiciaire hospitalière, au sein du Médipôle. Objectifs : optimiser et amplifier la prise en charge des victimes, via un guichet unique. "Elle est soignée au Médipôle, prise en charge par un service d'enquête, une psychologue, une assistance sociale. En bref, c'est toute une chaîne pluridisciplinaire, que nous souhaitons mettre en place avec l'expertise et la compétence des médecins légistes du territoire."
Des médecins au chevet des victimes
Depuis 2012, il existe le collectif des médecins judiciaires de Nouvelle-Calédonie. Il compte une dizaine de médecins légistes. Cette association a pour but d'organiser et de mettre en place sur le territoire la spécialité qu'on appelle la médecine légale. Sur notre antenne radio, ce samedi 27 janvier, Elizabeth Merlin, la présidente de ce collectif, indique voir "tous les jours" des femmes victimes de violences.
Depuis la création de l'association il y a plus de dix ans, "ce sont des dizaines de milliers de femmes que l'on a pu examiner.
Elizabeth Merlin
Pas plus tard que cette semaine, Elizabeth Merlin a d'ailleurs osculté une jeune femme, qui présentait une fracture du bras, sa deuxième blessure en l'espace de quatre mois.