Papillomavirus : "5% des cancers mondiaux sont liés à ce virus. C’est un enjeu majeur de santé publique", souligne le professeur Philippe Descamps

À l’approche de la campagne de vaccination non-obligatoire contre le papillomavirus (HPV) dans tous les collèges de Nouvelle-Calédonie, c'est l’occasion de faire un point sur ce virus sexuellement transmissible. De passage sur le Caillou, le professeur Philippe Descamps, l’un des plus grands spécialistes mondiaux de la gynécologie et de l’obstétrique, a rappelé l’importance du dépistage et de la vaccination. Il était l’invité de la matinale radio, ce vendredi 31 mars.

Le papillomavirus ou HPV est un virus très contagieux qui se transmet presque exclusivement par voie sexuelle, et qui touche aussi bien les hommes que les femmes. "Tout le monde l’attrape un jour car c’est un marqueur de l’activité sexuelle, mais ce n’est pas un marqueur de mauvaise vie", explique le professeur Philippe Descamps. Il existe 200 types de papillomavirus, "certains sont gentils, d’autres plus méchants qui vont donner le cancer. Et au milieu de tout cela, certains donnent des condylomes, ce sont des verrues génitales". Une maladie qui évolue à bas bruit, sans symptômes. "En général, il n’y a aucun signe. 80% des gens s’en débarrassent. Sur les 20% restants, ça peut évoluer vers des lésions qui vont devenir pré-cancéreuses puis cancéreuses."

Dépister le cancer du col de l’utérus

Principal facteur de risque du cancer du col de l’utérus, le HPV est également à l’origine de cancers de la sphère ORL, de l’anus, de la vulve, du vagin et même du pénis. Il est possible de dépister chez la femme un cancer du col de l’utérus avec le frottis - à partir de l’âge de 20 ans en Nouvelle-Calédonie – ou par prélèvement à partir de 30 ans. Le professeur Philippe Descamps indique, par ailleurs, que "si le test est positif, cela ne signifie pas forcément qu’il y a un cancer en évolution". En revanche, chez les hommes qui ont une sensibilité plus particulière à l’infection à HPV, il n’existe pas de dépistage des cancers de l’anus, du pénis et des amygdales.

Vacciner les filles et les garçons

Afin de lutter contre la propagation du papillomavirus, un vaccin est à disposition depuis 2006 au niveau mondial. "Nous avons à ce jour de nombreuses années de recul. Plus de 450 millions de doses ont déjà été prescrites", souligne le professeur Philippe Descamps. Le vaccin est le Gardasil 9, "il n’y a aucun effets secondaires. Avec ce vaccin, les jeunes filles et les jeunes garçons sont protégés à 90% des cancers". Depuis fin 2020 en Métropole, puis fin 2022 en Nouvelle-Calédonie, la vaccination des garçons est possible. "Comme il n’y pas de dépistage, le vaccin reste le seul rempart. L’autre intérêt, c’est de protéger les filles, c’est ce qu’on appelle une immunité de troupeau. Car plus on vaccine de gens, moins le virus circule et plus les lésions vont disparaître".

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