Le dernier bilan épidémiologique hebdomadaire sur l’évolution de l’épidémie du coronavirus paru cette semaine en Guyane évoque prudemment un ralentissement de la circulation du virus sur le territoire. Le nombre de nouveaux cas passant d’une moyenne de 200 à 130 par jour. Une tendance qui se confirme au vu du nombre d’admissions en hospitalisation conventionnelle et en réanimation en légère baisse. Mais voilà cette dynamique est surtout liée à l’évolution sur l’île de Cayenne et sur Kourou.
Amortir la propagation du virus
Dans l’Ouest, le nombre de nouveaux cas de malades positifs à la Covid-19 affiche une stabilité qui fait craindre aux autorités un simple retardement de l’épidémie. Et pour cause, l’analyse de l’épidémie en Guyane depuis la multiplication des cas après le déconfinement du 11 mai, montre un déplacement du virus de l’Est vers l’Ouest. Les autorités cherchent donc à déjouer ce scénario écrit d’avance, d’une ville de Saint-Laurent-du-Maroni appelée à devenir le premier foyer en nombre de cas, quelques semaines après Cayenne. Déjà on assiste dans l’Ouest à une hausse de 20% des passages aux urgences avec suspicion de Covid-19.
La maire de Saint-Laurent rappelle le manque de moyens en général
Pour la maire de Saint-Laurent, Sophie Charles, le compte n’y est pas. “Nous avons besoin de davantage de moyens humains et matériels pour le CHOG” a martelé l’élue. Sa casquette de présidente de la communauté de communes de l’Ouest guyanais n’étant jamais loin, Sophie Charles souligne également la nécessité de ne pas oublier les centres de santé dans les communes enclavées.
Interview de la maire de Saint-Laurent du Maroni
Un appel relayé par plusieurs élus mais aussi les syndicats. Les derniers renforts arrivés en Guyane sont notamment venus soutenir le dispositif dans l’Ouest, qu’il s’agisse des personnels de la réserve sanitaire la semaine dernière ou du renfort de vingt-deux militaires du service de santé des armées cette semaine. Un personnel expérimenté dirigé directement vers le Centre hospitalier de l’Ouest guyanais où quatre lits de réanimation supplémentaire pourront ainsi être déployés. L’effort est porté également sur les actions de dépistage sur le fleuve. À Papaïchton une opération a encore eu lieu ce jeudi.
Soutenir les familles du Haut-Maroni
Mais les communes de l’intérieur pointe des difficultés qui vont au-delà de la gestion sanitaire. C’est par exemple le cas à Maripasoula avec les problèmes d’approvisionnement en gaz qui ont été soulevé.
Les mesures de restriction de la circulation ont plongé une partie des habitants dans une plus grande précarité. Il n’est pas rare sur le Haut-Maroni de voir la population traverser pour s’approvisionner dans les commerces du Suriname attirée par les prix. Le réseau ADESS dédié au développement des épiceries solidaires et sociales en Guyane travaille ainsi depuis mars dernier aux côtés de l’Etat et des communes avec les centres d’action sociale pour organiser la distribution de colis alimentaires. Près de quatre tonnes de produits par commune sont acheminées chaque semaine en moyenne.
Inquiétude à la frontière Ouest
Les avertissements se sont multipliés à l'Ouest dans la vallée du Maroni pour alerter sur la recrudescence de l'orpaillage clandestin. Selon certains témoignages des orpailleurs malades franchissent la frontière officiellement fermée pour venir se soigner en Guyane provoquant l'inquiétude de la population. Les autorités sanitaires décrivent une vague épidémique se déplaçant de l'Est à l'Ouest de la Guyane depuis près d'un mois, mais pour bon nombre d'habitants sur le fleuve, l'inquiétude vient de la situation le long de la frontière.Selon les dernières données le Suriname compte:
- - 741 cas positifs à la Covid-19 depuis le début de la crise
- - 15 nouveaux cas en 24 heures
- - 495 personnes guéries
- - 18 décès