Pêche illégale : à Georgetown, le Comité Régional des Pêches de la Guyane prône la coopération avec ses voisins

Les participants au premier jour de la réunion à Georgetown au service pêche du Ministère de l'agriculture
Une réunion entre des acteurs de la pêche du Guyana, du Surinam et de la Guyane française vise à promouvoir une approche commune de la problématique de lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non régulée ("IUU fishing" en anglais pour "Illegal, Unreported and Unregulated").

"Le dimanche 24 septembre, lors d’un survol de l’est à l’ouest de la Guyane, nous avons compté cent vingt-six bateaux de pêche illégale", a alerté Léonard Raghnauth, président du comité régional des pêches et élevages marins (CRPEM) mercredi 15 novembre à Georgetown.

Un atelier pour faire un état des lieux de la pêche

C'était lors d’une réunion entre des représentants de l’administration du Guyana, du Surinam, et des pêcheurs de la Guyane française. Organisé et financé par le WWF "Guianas" (Fonds Mondial pour la Nature), cet atelier vise à partager les connaissances sur l’état des stocks de poissons, échanger sur la régulation de la pêche légale et informelle, et sur lutte contre la pêche illégale dans chaque pays ou territoire.

La priorité commune est de "prévenir le déclin des ressources halieutiques au large du plateau des Guyanes et éradiquer la pêche illégale, non déclarée et non régulée"

a expliqué en début de réunion Tony Nalovic, ingénieur halieute et consultant pour le WWF sur ce projet.

Tout se tient : le CRPEM dénonce les dégâts de la pêche clandestine au large de la Guyane française. Dans l’ouest du territoire, des bateaux illégaux partent du Surinam et parfois du Guyana, avec le plus souvent des équipages guyaniens.

Avec 82 licences actives de pêche côtière (sur 130), 45 licences de ligneurs vénézuéliens et 11 crevettiers actifs, la Guyane pèse peu face à ses voisins : le Surinam compte plus de 1 100 bateaux – avec là aussi souvent des équipages guyaniens, le Guyana ayant de son côté plus de 1 500 navires. À cela s’ajoutent les embarcations non déclarées, difficiles à évaluer.

Les stocks de poisson à un niveau bas, selon une étude

Résultat : une alarme sur les stocks de poissons, pointée par une étude menée au Surinam et au Guyana par le chercheur Tomas Wilems en 2018 – en cours de réactualisation - pour les autorités des pêches des deux pays, sur cinq poissons emblématiques, dont l’acoupa.

"Le résultat est assez alarmant : la capacité de reproduction des stocks de poissons est à un bas niveau, surtout dû à une surpêche", explique le chercheur. Il recommande de "réduire l’effort de pêche et de travailler sur les équipements, notamment les filets", afin de préserver la ressource. En Guyane, le CRPEM a également alerté sur l’inquiétante baisse du stock, notamment d’acoupas, en lien avec la pression de la pêche clandestine.

Jeudi 16 novembre, l’atelier sera centré sur la lutte contre la pêche illégale, pour faire des propositions communes aux trois parties. D’autres réunions sont prévues sous l’égide du WWF pour aller vers un plan d’actions communes, avec la volonté d’associer d’autres acteurs, notamment l’Etat français..