Pôle Emploi : journée de grève à l’appel de la CGT pour s’opposer au projet de loi « pour le plein-emploi »

Pôle emploi deviendra France Travail le 1er janvier 2024.
Examiné depuis lundi à l’Assemblée nationale, le projet de loi « pour le plein-emploi » crispe la CGTR. Le syndicat dénonce des mesures qui visent à contraindre les bénéficiaires du RSA à une activité plutôt que de prendre en compte les freins spécifiques à l’insertion à La Réunion

Que contient le projet de loi « pour le plein-emploi» ?

  • L’inscription automatique des bénéficiaires du RSA sur la liste des demandeurs d'emploi
  • L’obligation d'une activité de 15 à 20 heures hebdomadaires pour les personnes inscrites via un contrat d’engagement
  • Le contrat d’engagement comprend la recherche active, mais aussi des immersions en entreprise
  • Le versement du RSA suspendu en cas de manquement au contrat d'engagement
  • Pôle Emploi sera remplacé par France Travail, opérateur aux compétences élargies

 

Une expérimentation déjà en cours à Saint-Leu et Trois-Bassins

Ces deux communes constituent en 2023 des territoires pilotes où quelques 2200 allocataires du RSA bénéficient d’un accompagnement renforcé.

Pour la commune de Saint-Leu, le portefeuille est de 477 allocataires selon la CGTR. Il se décompose de 373 personnes en parcours direct emploi, 79 personnes en parcours social et 25 personnes en parcours socio-professionnel. Pour l’instant aucune contrainte liée au contrat d’engagement ne leur est imposée.

Pourquoi la CGTR s’y oppose ?

Invitée de nos matinales, Sandra Menuel a égrené les arguments de CGTR Pôle Emploi, qui appelle  à une journée grève ce mardi 26 septembre, a priori sans conséquences dans les agences, car le mouvement n’est pas suivi pas les autres syndicats.

Selon la déléguée de la CGTR, plutôt que contraindre les bénéficiaires du RSA à une activité en échange des minimas sociaux, le gouvernement devrait s’interroger sur les causes du chômage massif dans l’île, Sandra Menuel pointe du doigt les « problématiques de transport, d’illectronisme, de garde d’enfants et de logement ».

Elle estime par ailleurs que le projet est en inadéquation avec la réalité du marché du travail. Et de prendre à témoin les chiffres de la dernière quinzaine, faisant état de «  3425 offres pour 180000 demandeurs d'emploi ».

Enfin, la CGTR s’inquiète de la migration vers France Travail, un opérateur aux compétences élargies mais pas forcément doté de plus de moyens.

« Tout le monde sera inscrit mais on sait que pôle emploi ne pourra pas suivre tout le monde ,ce à quoi on va aboutir c'est une privatisation des missions de service public de l'emploi »

Sandra Menuel, CGTR Pôle Emploi

Une nouvelle journée de grève, cette fois à l’appel d’une intersyndicale, est prévue le 13 octobre

Un projet également décrié par les députés de l’opposition

Voté à une large majorité par le Sénat, au mois de juillet, et étudié la semaine dernière en commission des affaires sociales, le projet cristallise aussi défiance des députés réunionnais.

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

La crainte des députés réunionnais face au projet de loi "pour le plein-emploi"

L’objectif d’insertion ne doit pas se faire au détriment de la solidarité , il est plutôt malvenu d’utiliser des mots qui reviennent de façon récurrente : sanction, suspension, suppression !

Nathalie Bassire, députée LIOT de la 3e circonscription

L’intervention du député Jean-Hugues Ratenon( LFI) à l’Assemblée :

Sans correspondance entre les offres et les personnes en recherche d’emploi, combattre la précarité dont sont victimes de trop nombreuses familles réunionnaises par la contrainte est vain et stigmatisant.

Philippe Naillet, député (PS) de la 1re circonscription