Anaïs, victime de violences conjugales : "J'ai été très bien prise en charge"

TEMOIGNAGE. Victime de violences de la part de son mari pendant six ans, Anaïs a accepté de raconter son parcours pour s'en sortir au micro de Réunion La 1ère, à l'occasion de la journée internationale de l'élimination des violences faites aux femmes.

S'il est toujours douloureux de revenir sur cette période de sa vie, Anaïs, Réunionnaise de 33 ans, a accepté de revenir sur son récent parcours de victime de violences conjugales à l'occasion de la journée internationale de l'élimination des violences faites à l'égard des femmes, lundi 25 novembre.

Une façon de tourner définitivement la page, mais aussi d'inciter d'autres femmes à libérer leur parole et demander de l'aide.

"Au début, il disait que mes vêtements étaient trop serrés"


Comme souvent, pourtant, tout avait commencé comme dans un rêve. Mariée à l'âge de 22 ans, Anaïs file le parfait amour pendant cinq ans. C'est alors que tout commence à déraper pour cette mère de trois enfants.


Cela commence par des réflexions de son mari sur ses tenues vestimentaires. "Au début, il disait que mes vêtements étaient trop serrés, que je m'habillais comme une p... Même un jean, pour lui c'était trop moulant" raconte Anaïs, qui se retrouve alors, petit à petit, la proie d'un système d'emprise.

"Il me rabaissait beaucoup", reprend-elle. "J'ai commencé à me poser des questions, je croyais que c'était moi le problème" décrit la jeune femme.

"Pour lui, c'était le devoir conjugal. Il faisait pression sur moi en utilisant les enfants, en disant que ça allait les réveiller si il faisait une crise. Je n'avais pas le choix."

Anaïs, victime de violences conjugales

Un an plus tard, c'est la première gifle. Suivent alors des violences sexuelles raconte-t-elle, la gorge nouée. "Pour lui, c'était le devoir conjugal. Il faisait pression sur moi en utilisant les enfants, en disant que ça allait les réveiller si il faisait une crise. Je n'avais pas le choix."

"Pour moi, c'était une honte"


Le calvaire va durer six ans. "C'était comme un cauchemar. Ça semblait irréel, j'étais perdue."
Mais elle finit par briser le silence. "Pour moi, c'était une honte. Jusqu'au jour où j'en ai parlé avec ma maman. C'est là que tout a basculé" se souvient la jeune femme.

Anaïs quitte le domicile conjugal, porte plainte et bénéficiera d'un bracelet anti-rapprochement pour se protéger de son bourreau. "Pendant six mois, il a eu l'interdiction de s'approcher de moi et des enfants" précise-t-elle. Une période au cours de laquelle elle va prendre conscience de sa situation de victime, et pouvoir commencer à envisager une autre vie.

"Moi aussi j'étais dans ce cas, je te comprends"


Anaïs salue l'aide dont elle a pu bénéficier à tous les niveaux de son parcours, et témoigne de l'amélioration de l'accompagnement à La Réunion, qu'il soit judiciaire, social ou psychologique. "J'ai vraiment été très bien prise en charge. Les gendarmes, l'Arajufa...", remercie-t-elle.


 "Ce qui est bien aussi, ce sont les groupes de parole. J'ai rencontré d'autres femmes qui ont subi des violences et je me suis dit, "Eh oui, moi aussi j'étais dans ce cas-là, on se comprend"".


Depuis, Anaïs a guéri de ses blessures et commence à reconstruire sa vie, loin de son bourreau. Laissant derrière elle son passé cabossé. En 2023, la proportion de femmes victimes de violences conjugales à La Réunion était de 14,6 pour 1000 habitants. Soit le deuxième taux le plus élevé de France.