La justice française indemnise 5 fans de Michael Jackson privés d'idole

Les fans pleurent toujours Michael Jackson
Un juge français a reconnu aujourd’hui pour la première fois "le préjudice d'affection" subi par des fans de Michael Jackson en raison de la mort prématurée de leur idole, et leur a accordé des dommages et intérêts symboliques.
            
Michael Jackson est mort à Los Angeles le 25 juin 2009, à l'âge de 50 ans, d'une surdose de propofol, un puissant anesthésiant qu'il utilisait comme somnifère avec la complicité de son médecin. Le juge de proximité du tribunal d'instance d'Orléans a estimé que parmi les 34 requérants qui se présentaient devant lui, deux Suisses, un Belge, et des fans de Gironde et du Pas-de-Calais avaient apporté la preuve de leur "affliction". Il a condamné en conséquence le Dr Conrad Murray, condamné à quatre ans de prison aux Etats-Unis pour homicide involontaire, à leur verser un euro symbolique de dommages et intérêts. "C'est la première fois au monde, à ma connaissance, qu'est reconnue la notion de préjudice affectif en lien avec la mort d'une pop-star", s'est félicité l'avocat des plaignants, Me Emmanuel Ludot. L'avocat s'est en outre réjoui "d'être allé jusqu'au bout de la procédure malgré les ricanements" qu'elle suscitait. Ce précédent est d'autant plus remarquable, selon l'avocat, que "le lien n'était pas à double sens, les fans aimant Michael Jackson, mais celui-ci ne les connaissant pas personnellement". Pour le professeur de droit à l'université de Savoie Philippe Brun, spécialiste de la responsabilité civile, "que des fans d'une star puissent, dans ce contexte, obtenir réparation du préjudice d'affection paraît totalement inédit".
            

Un euro symbolique

M. Brun, s'est cependant étonné que le juge d'Orléans n'ait accordé qu'une "réparation symbolique" pour un préjudice qui doit théoriquement être quantifié, par exemple pour la perte d'un proche dans un accident.Les cinq requérants avaient apporté la preuve du préjudice subi "à l'aide de témoignages, voire de certificats médicaux", a expliqué leur avocat. Au-delà de l'euro symbolique, qui ne devrait même pas être réclamé au Dr Murray, la reconnaissance du statut de victime serait de nature, selon l'avocat, à permettre aux requérants d'accéder au lieu d'inhumation de Michael Jackson, à Los Angeles, alors que celui-ci est interdit au public. A l'origine de cette décision de justice inédite se trouve l'association "Michael Jackson Community" de Montargis (Loiret) qui a accompagné les 34 fans éplorés dans leurs démarches devant le tribunal d'Orléans. "Au début, j'ai été traitée d'illuminée, de folle. Aujourd'hui, je suis fière d'être arrivée à mes fins", a déclaré au quotidien local La République du Centre la présidente de l'association, Mme Myriam Walter. L'association est une habituée des premières : en octobre 2010, elle avait déposé à la sous-préfecture de Montargis des statuts pour devenir "cultuelle", dans le but affiché là aussi de pouvoir avoir accès à la sépulture de leur idole. "C'est la première fois en France qu'un artiste fait l'objet d'une association cultuelle, qu'il est érigé en culte", avait alors expliqué Me Ludot, qui avait assisté dans cette démarche Mme Walter. Mme Walter s'était cependant défendu de vouloir créer "une secte". La présidente de l'association était bien sûr au nombre des fans en deuil qui demandaient réparation à Orléans, mais elle n'a pas obtenu gain de cause. Comme les 28 autres requérants déboutés, de France et d'Europe, elle pourra cependant poursuivre la procédure en étoffant son dossier, a assuré Me Ludot.Pour cette fan de 56 ans, le combat n'est de toute façon pas fini : elle veut aussi faire ériger une statue à la mémoire du roi de la pop. "Comme ça, les fans qui ne peuvent pas se déplacer à Los Angeles auront un lieu pour se recueillir", a-t-elle expliqué à la République du Centre. "Je n'ai pas lâché pour le procès, je ne lâcherai pas pour la statue", a-t-elle prévenu.

Source : AFP