Les abeilles sont capables d'effectuer des tâches complexes avec seulement un million de neurones, contre 100 milliards pour un être humain.
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Les abeilles ont une grande capacité à accomplir des tâches complexes, comme compter ou reconnaître un visage humain. Ce constat a été fait par une jeune chercheuse française, récompensée mercredi pour ses travaux par la fondation L'Oréal-Unesco "Pour les femmes et la science".
L’Oréal-UNESCO Rising Talent Dr Aurore Avarguès-Weber - Cognitive Neurosciences http://t.co/hS4vK3P3Za pic.twitter.com/idd57BJUPC
— Adriana Marais (@adrianamarais) 15 Mars 2015
Après de brillantes études, Aurore Avarguès-Weber, 31 ans, chercheuse à l'université des Sciences de Toulouse (sud-ouest) a découvert "un peu par hasard" le monde des abeilles lors d'un stage. Le déclic fut immédiat: "J'ai réalisé que ces insectes étaient capables de réaliser des tâches complexes", s'enthousiasme-t-elle. "Et les résultats s'observent bien plus rapidement qu'avec des singes".
Les travaux réalisés dans le cadre de sa thèse ont permis de démontrer empiriquement "la grande capacité d'abstraction des abeilles: elles savent compter et reconnaître un visage", explique Mme Avarguès-Weber.
Placées à l'entrée d'un labyrinthe, les abeilles, a-t-elle pu observer, ont identifié différents signes représentés sur une cartographie et, après un rapide apprentissage, elles ont régulièrement choisi la sortie portant le signe menant à une récompense.
Malgré un cerveau pas plus grand qu'une tête d'épingle, les abeilles sont dotées "d'une bonne vision et d'une grande mémoire", ajoute la chercheuse.
Elle a par ailleurs prouvé que ces insectes n'étaient pas uniquement guidés par leur instinct. Grâce à un test réalisé en plein air, la jeune femme a mis en évidence leur capacité à "adapter leur comportement à leur environnement et aux expériences vécues".
Jusqu'alors, cette faculté de mettre des éléments en relation était considérée par la communauté scientifique comme l'apanage des humains et de certains singes. "On pense souvent que seuls les grands singes sont dotés d'intelligence, mais c'est faux", insiste Mme Avarguès-Weber.
La jeune femme souhaite désormais comprendre comment les abeilles réalisent des tâches de cette complexité avec si peu de neurones (un million, contre 100 milliards pour un être humain).
Elle envisage plusieurs pistes de réflexion: leur cerveau dispose-t-il d'une méthode plus efficace que l'homme pour traiter les informations? Ou serait-il possible qu'un même neurone fût utilisé pour des fonctions différentes ?
Pour tenter de résoudre cette énigme, Mme Avarguès-Weber mènera cette fois des études en laboratoire. Des capteurs seront fixés sur des abeilles afin de mesurer l'activité de leur cerveau, tandis qu'elles évolueront dans un environnement virtuel grâce à un simulateur.
Au-delà du monde animal, ses observations sur le fonctionnement cognitif des abeilles pourraient permettre de mieux comprendre le cerveau humain et avoir des conséquences sur le développement de l'intelligence artificielle.
Si les travaux de la jeune femme ne concernent pas directement la protection de cette espèce de plus en plus menacée, elle espère toutefois "sensibiliser davantage de personnes à la protection des abeilles en démontrant que ce sont des insectes intelligents".
Selon elle, les molécules toxiques des pesticides "ne tuent pas directement les abeilles mais perturbent leur système nerveux". "Leur mémoire diminue, elles se perdent et confondent les odeurs", met-elle en garde.
Les premières études sur l'insecte butineur remontent au début du siècle dernier. L'Autrichien Karl Von Frisch avait alors décrypté "le langage des abeilles": pour indiquer une source de nourriture à leurs congénères, les abeilles effectuent une danse subtile. Il avait aussi démontré la faculté des abeilles à distinguer les couleurs.
Pour ses travaux, Aurore Avarguès-Weber va recevoir une bourse de 20.000 euros de la fondation créée en 2007 afin d'encourager des jeunes femmes talentueuses "à poursuivre leur carrière scientifique"
AFP
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