Nouvelle hypothèse développée par la défense aujourd’hui : le câble de gouverne se serait rompu au moment de sortir l’épave de la mer. Un des prévenus avait reproduit la queue de l’appareil, taille réelle, dans la salle d’audience.
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Chaque jour, la défense détricote les charges et avance une nouvelle hypothèse.
Aujourd’hui, elle dévoile une maquette de la queue de l’avion, construite par un des prévenus. Basée sur les rapports du Bureau Enquête et Analyse et du Centre d’Essai des Propulseurs, elle reprend le cheminement des câbles. En cause, le déchirement d’une cloison, causé selon elle, au moment du relevage de l’épave, avec un câble bien tendu.
Cette hypothèse ne prend toutefois pas en compte les forces de l’impact avec l’océan, des pressions de l’eau, ni du choc avec le fond marin. À la barre, elle suscite le débat entre le témoin de la défense, ancien directeur technique d’Air Tahiti, et l’expert judiciaire, Hubert Arnould.
L’inspection des câbles "était tombée en désuétude chez Air Moorea. Elle devait être effectuée toutes les 400 heures ou 3 mois. Mais Air Moorea avait opté pour les 400 heures seules, le manuel d’entretien avait été amendé en ce sens et approuvé par l’autorité. C’est réglementairement interdit et contraire à la navigabilité, affirme l’expert. Monsieur Tinomano (ancien responsable de production Air Moorea et prévenu ndlr) m’avait même dit que les câbles servaient à pêcher les requins !"
En février 2007, une fiche de l’atelier mécanique mentionne une remise en tension du câble de gouverne du twin otter accidenté. Mais celle-ci est remise en question par l’expert car "aucune valeur de tensiomètre n’y est notée et le tensiomètre n’est pas sorti du magasin. De plus, la fiche est signée par un mécanicien non qualifié DHC-6 (twin otter ndlr). Ce n’est pas conforme. Rien qu’avec ça, l’avion n’avait plus le droit de voler."
Pour le BEA en revanche, les recommandations du constructeur restent ambiguës : "La durée de vie en atmosphère saline est de 12 mois, explique à la barre Alain Bouillard, expert au BEA. Mais rien ne précise qu’il doit être neuf." Posé en mars 2005 au Canada, le câble aurait dû être changé en octobre 2007, selon les calculs du BEA, car le twin otter n'était arrivé en Polynésie qu'en octobre 2006. L’expert judiciaire ne rejoint pas ces conclusions : "Il n’y a aucune tolérance pour les vies limite, c’est clair et net. Zéro heure de plus, zéro jour en plus, que l'avion vole ou pas. Le programme d’entretien doit être personnalisé selon les conditions d’exploitation. Air Moorea ne l’a pas fait ! Et à la moindre ambiguïté ou erreur, il y a obligation de le signaler au constructeur."
Car pour le Bureau Enquête et Analyse, ce n’est pas l’usure qui a causé la rupture, mais le jet blast, le souffle des gros porteurs au parking, qui a poussé l’usure de 50% à 90%. La manœuvre au décollage aurait fini de casser le câble de gouverne.
Le câble de gouverne a rompu en deux points. Pour les avocats des familles, la défense a expliqué un point de rupture, mais pas le deuxième, celui de la rupture en vol, comme le mentionnent trois expertises.
Aujourd’hui, elle dévoile une maquette de la queue de l’avion, construite par un des prévenus. Basée sur les rapports du Bureau Enquête et Analyse et du Centre d’Essai des Propulseurs, elle reprend le cheminement des câbles. En cause, le déchirement d’une cloison, causé selon elle, au moment du relevage de l’épave, avec un câble bien tendu.
Cette hypothèse ne prend toutefois pas en compte les forces de l’impact avec l’océan, des pressions de l’eau, ni du choc avec le fond marin. À la barre, elle suscite le débat entre le témoin de la défense, ancien directeur technique d’Air Tahiti, et l’expert judiciaire, Hubert Arnould.
"Les câbles servaient à pêcher les requins"
Autre point : l’usure du câble est-elle dû à un manquement dans la maintenance? Pour l’expert judiciaire, Hubert Arnould, il y a eu de nombreuses opérations non conformes et le twin otter n’avait de fait pas le droit de voler : par exemple, des tâches non effectuées et signées malgré tout. Une faute qui entraîne normalement "le retrait immédiat de la licence du technicien".
L’inspection des câbles "était tombée en désuétude chez Air Moorea. Elle devait être effectuée toutes les 400 heures ou 3 mois. Mais Air Moorea avait opté pour les 400 heures seules, le manuel d’entretien avait été amendé en ce sens et approuvé par l’autorité. C’est réglementairement interdit et contraire à la navigabilité, affirme l’expert. Monsieur Tinomano (ancien responsable de production Air Moorea et prévenu ndlr) m’avait même dit que les câbles servaient à pêcher les requins !"
En février 2007, une fiche de l’atelier mécanique mentionne une remise en tension du câble de gouverne du twin otter accidenté. Mais celle-ci est remise en question par l’expert car "aucune valeur de tensiomètre n’y est notée et le tensiomètre n’est pas sorti du magasin. De plus, la fiche est signée par un mécanicien non qualifié DHC-6 (twin otter ndlr). Ce n’est pas conforme. Rien qu’avec ça, l’avion n’avait plus le droit de voler."
Pour le BEA en revanche, les recommandations du constructeur restent ambiguës : "La durée de vie en atmosphère saline est de 12 mois, explique à la barre Alain Bouillard, expert au BEA. Mais rien ne précise qu’il doit être neuf." Posé en mars 2005 au Canada, le câble aurait dû être changé en octobre 2007, selon les calculs du BEA, car le twin otter n'était arrivé en Polynésie qu'en octobre 2006. L’expert judiciaire ne rejoint pas ces conclusions : "Il n’y a aucune tolérance pour les vies limite, c’est clair et net. Zéro heure de plus, zéro jour en plus, que l'avion vole ou pas. Le programme d’entretien doit être personnalisé selon les conditions d’exploitation. Air Moorea ne l’a pas fait ! Et à la moindre ambiguïté ou erreur, il y a obligation de le signaler au constructeur."
Car pour le Bureau Enquête et Analyse, ce n’est pas l’usure qui a causé la rupture, mais le jet blast, le souffle des gros porteurs au parking, qui a poussé l’usure de 50% à 90%. La manœuvre au décollage aurait fini de casser le câble de gouverne.
Le câble de gouverne a rompu en deux points. Pour les avocats des familles, la défense a expliqué un point de rupture, mais pas le deuxième, celui de la rupture en vol, comme le mentionnent trois expertises.
7e jour du procès d’Air Moorea