Tubuai, reine des litchis

C'est bientôt fini pour la saison des litchis à Tubuai, aux Australes. Depuis fin novembre, les îliens cueillent des centaines de milliers de litchis. Cette année, ce sont plus de 100 tonnes qui ont été envoyées depuis Tubuai par fret aérien et bateau. Reportage.

La saison des litchis touche à sa fin à Tubuai. La route de Huahine, la route traversière de l’île, qui relie Mataura le chef lieu à Mahu à l’ouest, retrouve peu à peu sa quiétude. "Fin novembre, tout le long, on pouvait voir tous les pieds de litchis chargés, comme des sapins de Noël avec leur boules rouges ! C’était magnifique !" nous confie Michel, qui vit sur l’île depuis qu’il est né. "Quand on était petit, à la saison des litchis, après l’école on filait dans les arbres avec les copains. On ressortait de la brousse avec nos sacs chargés et nos doigts tous collants avec le jus sucré des fruits". 

Après plusieurs semaine de cueillette, les habitants ne mangent presque plus les fruits tellement ils en ont profités. Désormais la quasi-totalité de la récolte est exportée. Sur la route de Huahine, à mi-chemin entre Mataura et Mahu, sur les terres des Doom, on trouve derrière une vieille maison les plus vieux pieds de litchis de l’île. "C’est mon aïeul qui les a plantés" dit fièrement Manuarii, qui descend d’un de ces pieds de litchis pour venir discuter. "Quand on était petit, on jouait à "pré-fé" (ndlr : au chat) dans les arbres. On a grandi dedans avec mes frères et mes cousins, on n’est jamais tombé. Maintenant qu’on a vieilli, on fait plus attention à la sécurité", confie t-il alors qu'il porte autour de ses hanches, un harnais de sécurité.

 

Manuarii et son fils sont les "singes" du jour, comme le dit en rigolant la matriarche de la famille, Monette. Ils ont grimpé ce matin-là, dans un des plus vieux pieds de litchi de la propriété. Un arbre qui atteint plus de 15 mètres de haut. Les litchis se trouvant en bout de branche, c’est avec beaucoup d’adresse et d’équilibre qu’il faut grimper là-haut pour les atteindre. Depuis des décennies, le rituel est le même. Les "singes" de la famille montent et coupent les branches qui portent les grappes de litchis à maturité. Ils les attachent ensuite avec des cordes ou mettent les grappes qui pourraient se casser dans des sacs, avant de les descendre à terre.

En bas, ce sont les femmes et les enfants qui cueillent un à un les fruits, les tris et les mettent dans les bacs en plastique. Chaque bac fait approximativement 20 kgs. Il faudra ensuite les peser et les répartir dans des cartons plus petits, généralement entre 5 et 6 kgs pour ceux destinés au frêt aérien. Pour le bateau, le Tuhaapae, cartons, bacs ou glacières font l’affaire pour les envois selon les destinataires. En une journée, la famille peut récolter près de 200 kgs de litchis si tout le monde met la main à la pâte. En 2019, année record, les Doom avaient pu expédier près de 5 tonnes de litchis. Cette année, il y’en aura un peu moins car certains pieds ne produiront que hors saison vers janvier ou février. 

Une fois triés et empaquetés, il faudra encore faire près de trois voire quatre heures de file d’attente à l’aéroport ou au guichet du bateau pour expédier ces colis sur Papeete. Cette année, ce sont près de 50 tonnes de litchis qui ont été envoyées depuis Tubuai, par frêt aérien et près du double par le bateau, alors qu’il y’a 25 ans, la production ne dépassait pas les 2tonnes. Une source de revenus plus que bienvenue avec les difficultés de l’année qui se termine.