Le bilan de l'épidémie de Covid-19 a dépassé mardi les 80 000 morts en France, où la bataille est loin d'être terminée face à la propagation de nouveaux variants du virus.
Avec 439 morts comptabilisés mardi dans les hôpitaux par Santé publique France (460 lundi) auquel s'ajoutent les morts récents dans les Ehpad, le rythme des décès ne faiblit pas.
Il ne devrait pas ralentir fortement dans l'immédiat, car le nombre d'hospitalisations de malades du Covid-19 reste élevé, à plus de 11 000 nouvelles entrées et 1 700 à 1 800 arrivées dans les réas tous les sept jours en moyenne depuis le 24 janvier.
"Ces 15 derniers jours, nous avons multiplié par trois le nombre de patients Covid en réanimation. Et avec l'arrivée du variant, nous risquons d'être totalement submergés", explique le professeur Yves Cohen, chef du service de réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny. Dans cet établissement, les 32 lits de soins critiques - soit le double d'avant la crise - ne sont plus suffisants et il a été décidé d'ouvrir une aile de réanimation supplémentaire.
Le variant sud-africain suscite une inquiétude particulière, car l'efficacité du vaccin d'AstraZeneca, le troisième autorisé dans l'Union européenne, sur cette mutation du virus, a été mise en doute. En Afrique du Sud, les autorités ont suspendu leur campagne de vaccination après la publication d'une étude en ce sens.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est voulu rassurant sur franceinfo vis-à-vis des soignants, auxquels est réservé ce vaccin, en affirmant qu'"aujourd'hui 99% des souches virales qui circulent en France métropolitaine ne correspondent pas au variant sud-africain". La veille, le ministre avait reçu devant les caméras la première injection de ce vaccin d'AstraZeneca, en tant que professionnel de santé de moins de 65 ans.
Au dernier décompte mardi, la France comptait 1,9 million personnes ayant reçu au moins une dose, dont 366.733 vaccinées avec les deux doses nécessaires.
Olivier Véran a assuré que le gouvernement restait "dans un état de vigilance très important" face à l'épidémie, notamment sur l'évolution du variant britannique, plus contagieux.
Les variants "augmentent d'environ 50% par semaine, c'est-à-dire moins vite que les pays qui n'étaient pas sous couvre-feu. Donc il y a une efficacité des mesures décidées qui permettent de stabiliser la situation sanitaire", a-t-il développé en assurant que les autorités sanitaires ne seraient pas prises de court si "nous rentrions dans une forme exponentielle", "puisque nous regardons les choses au quotidien".
"Il est évidemment possible et souhaitable qu'on ne soit jamais reconfinés", a ajouté le ministre, à la veille d'un nouveau conseil de défense sanitaire autour du chef de l'Etat.
Plusieurs pays européens, comme le Portugal, le Royaume-Uni ou l'Allemagne, plus fortement touchés par la reprise épidémique, ont pris des mesures plus strictes que la France.
Après deux semaines de couvre-feu à 18 heures, toujours en vigueur, le gouvernement avait renoncé fin janvier à imposer un troisième confinement. Mais il avait renforcé les restrictions de voyage à l'étranger, les contrôles aux frontières et ajouté la fermeture des grands centres commerciaux de plus de 20.000 m2 à celle, déjà en cours depuis fin octobre, des bars, restaurants et lieux culturels.
Un confinement n'est pas définitivement écarté et le Parlement a validé mardi, malgré l'opposition de la gauche et de la droite, la prolongation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin.
L'exécutif espère que les vacances scolaires, qui ont démarré lundi pour une partie de la France et vont s'étaler jusqu'au 6 mars, permettront de ralentir la circulation du virus.
Mais des épidémiologistes craignent que le variant britannique provoque un rebond trop fort de l'épidémie, alors que la charge hospitalière est déjà élevée.
Environ 28 000 malades du Covid-19 étaient hospitalisés mardi soir, dont plus de 3 300 en réanimation, alors que 7.000 malades se trouvaient dans ces services au pic de la 1ère vague, le 8 avril, et 4.900 au pic de la seconde, le 16 novembre.