Culte : Le nucléaire s’invite dans les sermons !

Toutes les paroisses protestantes à l’heure du fait nucléaire, en particulier à Papenoo et Maatea à Moorea où des membres de l’association Moruroa e tatou étaient invités.

 

Certains reprochent à l’Eglise de faire de la politique. Un mélange assumé, fruit d’une histoire de près de 40 ans. C’est une nouvelle prise de position ferme contre le nucléaire. Dans le petit temple de Maatea, à Moorea, résonne la voix du militantisme, après celle du Seigneur. Toute la matinée, la centaine de fidèles est invitée à s’exprimer. « J’ai besoin, en tant que jeune, de comprendre dans quoi je m’engage, explique Tevaearai Puarai, 26 ans et nouvellement nommé secrétaire du comité Moruroa e tatou pour le 3e arrondissement.

Dans quoi je vais lutter et qu’est-ce que je peux apporter en plus, quelle sera ma valeur ajoutée dans toute cette synergie qui gravite autour de cette thématique du nucléaire ? »

Marilène Pater, paroissienne, prend la parole devant l’assemblée.

« Moi, j’ai le cancer du sein, thoracique et claviculaire. J’ai fait 2 ans de chimio. Si ça a été donné par ceux qui ont fait les essais nucléaires, et après ils ont emmené les gens pour nous soigner, où est le problème ? Moi, je suis optimiste, »

conclue-t-elle dans un large sourire.

Car si à l’installation du Centre d’Expérimentation du Pacifique dans les années 1960, l’Eglise Protestante ma’ohi, alors baptisée Eglise Evangélique, a connu quelques dissonances, avec des pasteurs qui incitaient même les paroissiens à s’exiler à Moruroa, depuis le synode de 1982, elle s’élève publiquement d’une seule voix contre les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires. « Dieu a fait de la politique, assure le pasteur Mitema Tapati, également vice-président de l’association Moruroa e tatou. La définition du mot ‘politique’,

c’est le bien-être du peuple. Quand on fait la politique politicienne pour se remplir la poche sur le dos du contribuable, ça, ce n’est pas une bonne politique. »

 

Alors l’Eglise Protestante, le Tavini Huiraatira et Moruroa et Tatou cheminent côte à côte. Un mélange des genres assumé. Après le sermon, l’ancien élu Richard Tuheiava, vient partager son expérience de sénateur.

« Aujourd’hui, elle pousse même le débat sur la faisabilité d’une possible souveraineté de la Polynésie, à partir de ses ressources. L’Eglise se considère comme sentinelle du peuple polynésien. »

Un lieu de débat dans toutes les paroisses protestantes ce dimanche, alors que la table ronde du nucléaire à Paris est qualifiée « d’inutile » par ses cadres et que le Tavini Huiraatira collecte des signatures pour déposer de nouvelles plaintes pour crime contre l’humanité contre l’Etat français.