Oui, mais...
Ainsi, le synode approuve la pratique du don d’organe pour sauver son prochain. Il recommande cependant le respect de la liberté individuelle et l’autorisation des familles. Cette décision a reçu des avis mitigés au sein des paroissiens présents à la paroisse d'Afareaitu pour la clôture du synode. "Moi, je ne suis pas du tout d'accord", s'exprimait une mama, réticente, "c'est un peu difficile, si je donne, un jour, c'est moi qui vais avoir des problèmes ! Peut-être que j'accepterais pour ma famille." Un peu plus loin sur les bancs, d'autres sont plus ouvertes, "Si cela donne la vie, comme Dieu a pu donner la vie, si c'est pour aider une famille, pourquoi pas", "Moi je suis pour le don d'organes, parce que nous sommes libres de nos choix !".
C'est exactement ce que l'église met en avant. Elle "recommande cependant le respect de la liberté individuelle et l'autorisation des familles pour le don d'organes." Pour justifier son choix aussi, il s'agit avant tout de venir en aide à son prochain.
"Face à la croissance des maladies qui affectent notre peuple, et le développement du don d'organes pour sauver son prochain, le synode s'adresse au peuple Mā'ohi pour être vigilant sur sa santé, pour être lui-même son propre médecin. Afin de favoriser cette pratique, le synode approuve la pratique du don d'organes pour sauver son prochain."
Interrogé à ce sujet, le nouveau président de l'église protestante Mā'ohi, François Pihaatae, comprend les réticences de certains paroissiens, "ce n'est pas facile, parce que cela ne se fait plus. C'était le cas auparavant, lorsque l'on se réfère à l'histoire de Ruataata (ndlr : l'histoire de l'arbre à pain) , qui s'est donné la mort pour sauver sa famille. Preuve que le don de soi existait avant. Mais avec les règles instaurées et les enseignements venants de l'extérieur, nous avons complètement oublié ce don, qui est le don de vie."
Opposée à une disposition de la loi Caillavet
Depuis le 1èr janvier 2017, les règles pour le don d'organes ont été clarifiées. D'un côté, le principe du "consentement présumé" est renforcé, de l'autre, il est plus facile pour les personnes qui y sont opposées de faire connaître leur volonté.
En France, la loi stipule que nous sommes tous donneurs d'organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus d'être prélevé : c'est le principe du consentement présumé. L’amendement voté en 2016 vient renforcer le principe déjà existant de consentement présumé au don d’organes instauré par une loi de 1976, dite la loi Caillavet.
Si on était opposé au don d'organes, il fallait jusqu'alors s'inscrire sur le registre national des refus, en renvoyant un formulaire et la copie d'une pièce d'identité par voie postale. En plus de cette possibilité, il faut s'inscrire par internet en répondant au formulaire en ligne sur le site, et en l’accompagnant d’une photo ou scan d’une pièce d’identité. Et les soignants devront automatiquement consulter ce registre du refus avant toute discussion avec la famille d’un défunt sur le don.
Autre possibilité, rédiger un papier, qui a désormais une valeur officielle, à garder sur soi ou à confier à une personne de confiance. En indiquant votre prénom, nom, date de naissance, et une phrase expliquant que vous ne souhaitez pas donner vos organes et une signature.
Enfin, troisième possibilité, les familles doivent attester par écrit le refus du défunt. Jusqu’en décembre 2016, les familles pouvaient à l’oral décider de ne pas donner les organes du proche décédé, quand il avait précisé de son vivant ce souhait.
En somme, si aucune de ses possibilités n'est utilisée, toute personne majeure qui n'a pas fait connaître son refus est considérée comme consentante.
A ce titre, le synode exprime son refus radical.