Au centre-ville de Papeete, 400 commerces dits non essentiels sont fermés au public depuis près d’un mois.
Conséquence pour Ludovic Renaud artisan bijoutier : un personnel réduit de moitié, une activité réduite de 80% limitée aux commandes via internet et cerise sur le gâteau il n'est même pas éligible au Fonds de solidarité ! "Apparemment, pour avoir droit ne serait-ce qu'à une indemnité compensatrice de 20 du chiffre d'affaires de l'année de référence, il faut avoir été fermé 20 jours en août. Ce qui n'est évidemment le cas de personne puis que le confinement a été décidé le 20 août. Pour le mois de septembre, on va rependre l'activité, on l'espère, le 20, ce qui veut dire qu'on aura été fermés 19 jours. Du coup en septembre, on n'aura pas droit aux aides", explique le bijoutier.
Comme Ludovic, plusieurs centaines de patrons, coiffeurs, restaurateurs... se relèvent à peine du premier confinement. Beaucoup ont contracté des PGE ou prêts garantis de l’Etat à taux variable qu’ils commencent à peine rembourser. A cela s’ajoutent les charges fixes comme les loyers mensuels entre 200 à 500 000 cfp et les charges patronales. "Les charges fixes ne changent pas, surtout les salariés sont payés puisqu'ils ont les congés payés, et quand on demande des aides auprès du Sefi (service de l'emploi), on nous dit qu'il faut d'abord épurer les congés et ensuite vous aurez droit aux aides pour les salariés", déclare Dani Dana.
Le haut-commissariat rassure. Le FSE ou Fonds de solidarité des entreprises a été réactivé pour ce mois d’août. Exit le critère des 20 jours par mois. L’aide sera octroyée en fonction de la catégorie d’entreprise.
"Sur les secteurs non protégés vous avez 2 catégories de situation : les entreprises qui ont fait l'objet d'une interdiction d'accueil du public, qui ont fermé et qui peuvent bénéficier soit d'une aide de 180 000 cfp, soit d'une aide de 24 millions cfp en fonction de la perte de chiffre d'affaires et de la durée de fermeture. Et ensuite vous avez les entreprises du secteur non protégé, mais n'ayant pas fait l'objet de mesures administratives et qui peuvent aussi bénéfcier d'une aide forfaitaire", détaille Cécile Zaplana, du haut-commissariat.
"Les secteurs protégés, majoritairement ce sont les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration. Et pour ces secteurs-là, les entreprises en fonction de la perte de chiffre d'affaires peuvent bénéficier d'une aide qui peut aller jusqu'à 24 millions cfp", ajoute Cécile Laplaza.
Oui mais faut-il encore que le patron puisse justifier d’une perte de 50% de son chiffre d’affaires rien que pour le mois d’août car concrètement les entreprises n’ont perdu que 35% sur les 8 jours d’arrêt.
Sans aide en août et septembre ?
En clair, beaucoup de patrons comme Matahiti AUNOA, qui a enregistré une baisse de 90% de son chiffre d’affaires sur l’ensemble du confinement, ne bénéficieront pas de l’aide. Matahiti craint le pire : "Nous avons emprunté l'an dernier au premier confinement, si nous devons emprunter au 2e confinement alors que nous sommes fermés et que nous ne pouvons pas payer nos charges, qui sont assez élevées, et s'il y a un 3e confinement, on referme, on ré-emprunte, ce n'est plus possible... Si le but recherché est de couler l'économie locale, nous sommes sur la bonne voie", s'insurge-t-il.
Ce que redoutent les patrons, c’est qu’en n’étant pas éligibles au Fonds de solidarité au mois d’août, ils risquent de perdre l’aide du mois de septembre. Tous n’attendent qu’une chose : c’est d’ouvrir dès lundi prochain.