Hiva Oa : la situation sanitaire inquiète

Depuis le début de l’année, 5 praticiens ont fait des passages au dispensaire d’Atuona, alterné avec des périodes sans médecins.Du coup, c'est l’unique taote privé de l’île qui est sollicité pour remplir ces périodes vides. Depuis le 30 mars, la situation n’a pas bougé
Actuellement, ce sont les infirmiers du dispensaire qui gèrent les urgences, par téléphone, avec le médecin de l’hôpital de Taioahe, à Nuku Hiva. Malgré le professionnalisme de l’équipe, la situation n’est pas satisfaisante en termes de soins et soumet le personnel à un stress extrême.

Hiva Oa a connu une série noire depuis le début d’année avec le décès de cinq personnes dont quatre dans des conditions dramatiques. Et, seul un médecin est autorisé à établir le constat de décès en raison des aspects médico-légaux de l’acte. Au dispensaire d’Atuona, les infirmiers croisent les doigts pour que ne surgisse pas une épidémie car, en cette période de très fortes pluies, les risques de gastro-entérite et de leptospirose sont bien réels.

Début mai, un médecin de Métropole devait prendre ses fonctions mais il vient de se désister, laissant une nouvelle fois le dispensaire sans médecin pour une durée indéterminée. Le dispensaire, qui comptait deux postes de médecins il y a quelques années, n’en propose plus qu’un, par soucis d'économie. A ce jour, seul un praticien est d’astreinte 24/24h et 7 j / 7 en ayant l'obligation de rester à 20 km du dispensaire, à gérer les contraintes des évacuations sanitaires avec un seul vol par jour, et des malades qui ne sont pas prioritaires. Il doit également assurer les tournées médicales sur Tahuata et Fatu-Hiva les deux autres îles du sud de l’Archipel.

Une population abandonnée


La direction de la santé oppose systématiquement le fait d’un problème de budget et que, avec ou sans convention, il y a toujours un médecin sur l’île. Mais, la salle d’attente du médecin privé est remplie sans interruption de 7h à 16h. La population est excédée de constater l’abandon dans lequel elle est laissée alors que la situation perdure depuis plusieurs années. "La majorité des habitants ici n’a pas les moyens d'aller chez le médecin  privé. Dès fois il y a des évasans graves de Tahuata et Fatu-hiva, ils arrivent sur Hiva-oa, il n’y a pas de médecins, il faut aller chercher le privé qui habite à 7 km….On doit se débrouiller, je demande aux politiques de réagir !", s'emporte Catherine Bonno

Avec 4 établissements scolaires qui disposent tous d’internats, les élèves sont nombreux à faire des consultations au dispensaire, surtout ceux de l’école Sainte-Anne qui n’a pas d’infirmier scolaire. Certains élèves n’ont pas les moyens de payer une consultation dans le privé, c’est donc parfois les enseignants ou les écoles qui avancent les frais médicaux. " Que fait-on des élèves, des jeunes du RSMA ? Dans les 3 îles des Marquises sud, c’est à peu près 4000 habitants qui sont concernés, sur Fatu-Hiva et Tahuata, ils n’ont pas vu de médecins depuis un an", explique Etienne Tehaamoana, maire de Hiva Oa.


Retrouvez le reportage dans nos journaux télévisés de ce jeudi 11 mai sur Polynésie 1ère