"Élue surprise" il y a 3 ans, la première ministre néo-zélandaise, est devenue une célébrité mondiale. Après avoir surmonté toutes les crises, qui se sont dressées sur son chemin, elle pourrait obtenir une majorité absolue, le 17 octobre lors des toutes prochaines élections législatives.
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Dans un pays, où l’on ne goûte guère les têtes qui dépassent, cela aurait été presque trop. Après être devenue une sorte de modèle, à force de maîtrise, d’empathie et d’un sens de la communication à toute épreuve, Jacinda Ardern était l’une des favorites pour le prix Nobel de la paix, qui a été finalement attribué au programme alimentaire mondial des nations unies. Sa réaction à l’épouvantable massacre de 51 musulmans dans deux mosquées de Christchurch, avait réunifié instantanément un pays sous le choc et elle avait donc le bon profil pour un Nobel.
Les valeurs de modestie qu’elle met constamment constamment en avant pourraient irriter les esprits chagrins ou cyniques, si cette jeune femme de 40 ans n’avait pas dans le même temps affiché fermeté et efficacité réelle, par exemple dans sa gestion de la crise de la Covid 19. Le très crédible magazine américain "foreign policy" vient de publier un classement des pays qui ont le mieux géré le choc sanitaire. Et la Nouvelle-Zélande arrive à la première place. Un choix basé sur trois facteurs, directives de santé publique, budget impliqué, et communication vers la population. Aotearoa présente, il est vrai, un bilan imparable, à peine 1900 cas pour cinq millions d’habitants.
Si elle baigne dans le monde politique depuis ses vingt ans, Jacinda Ardern n’a pas le profil habituel des élites politiques. D’origines sociales très modestes, elle a grandi à Murupara, une petite ville déshéritée, majoritairement habitée de Māoris. Son apparition à Londres en 2018, au palais de la reine Élisabeth II, en Kahu Huruhuru, cape traditionnelle maorie, symbole de pouvoir, remonte donc à loin. Et ne se réduit pas à un génial coup de communication, destiné à souligner la double culture du pays au long nuage blanc.
Ses valeurs de compassion trouvent leurs sources aussi dans son éducation dans une famille mormone. Église avec laquelle elle rompît pourtant clairement en 2000. Elle avait vingt ans et partageait un appartement à Wellington avec trois amis homosexuels. "Les valeurs mormones de ma famille sont alors entrées en collision avec mes valeurs personnelles". Tony Milne, un ancien colocataire, rapporte ces propos de Jacinda, qui a depuis, souligné à plusieurs reprises à la presse de son pays, qu’elle se considérait comme "agnostique" .
Tout le monde s’en souvient, elle a donné naissance à un enfant alors qu’elle était déjà première ministre. Six semaines de congés maternité, et le relais assuré ensuite par son conjoint, "père au foyer". Et que dire de ce discours à l’ONU, après qu’elle ait presque donné le sein en mondovision. La séquence aurait pu lui valoir de nombreux sarcasmes, la jeune mère les désamorça avec des propos d’une simplicité évidente "j’ai choisi d'allaiter ma fille, donc il faut bien qu’elle soit là avec moi, pour que je la garde en vie".
Il a encore six mois, le parti travailliste de Jacinda Ardern était à égalité avec l’opposition de droite. Et certains éditorialistes évoquaient déjà la possibilité que cette première ministre, que le monde entier enviait aux néo-zélandais, et qui cumulait 60% d’opinions favorables, pourrait être battue après un seul mandat. Depuis la crise sanitaire est passée par là, les choses se sont décantées de telle manière que Jacinda Ardern devrait obtenir la majorité absolue le 17 octobre, elle qui a gouverné depuis 3 ans, en coalition avec deux autres partis, et qui n’a donc pas eu toujours entièrement les mains libres sur les dossiers.
En Nouvelle-Zélande, les opérations de vote ont déjà commencé, et on estime que 60% des électeurs voteront avant samedi prochain, le jour officiel des élections. On voit mal comment le verdict des urnes pourrait basculer à la dernière minute. "Elle a une image parfaite, elle est proche des gens et compétente" déclarait il y a quelques mois Jennifer Lees, spécialiste en marketing politique. "Elle possède tout ce qui fait défaut à nos dirigeants, humanité, transparence et compassion. J’aurais tellement aimé qu’elle soit notre première ministre" regrettait un lecteur du Guardian, le journal londonien. De quoi interloquer par exemple, les Boris Johnson et autre Emmanuel Macron, irrémédiablement privés de l’affection populaire dans leurs pays. Et peut-être aussi, d’angoisser la principale intéressée : comment ne pas décevoir sur la durée et dans les choix quotidiens du pouvoir, quand votre réputation est déjà tellement flatteuse.
Les valeurs de modestie qu’elle met constamment constamment en avant pourraient irriter les esprits chagrins ou cyniques, si cette jeune femme de 40 ans n’avait pas dans le même temps affiché fermeté et efficacité réelle, par exemple dans sa gestion de la crise de la Covid 19. Le très crédible magazine américain "foreign policy" vient de publier un classement des pays qui ont le mieux géré le choc sanitaire. Et la Nouvelle-Zélande arrive à la première place. Un choix basé sur trois facteurs, directives de santé publique, budget impliqué, et communication vers la population. Aotearoa présente, il est vrai, un bilan imparable, à peine 1900 cas pour cinq millions d’habitants.
Des qualités humaines qui viennent de loin
Si elle baigne dans le monde politique depuis ses vingt ans, Jacinda Ardern n’a pas le profil habituel des élites politiques. D’origines sociales très modestes, elle a grandi à Murupara, une petite ville déshéritée, majoritairement habitée de Māoris. Son apparition à Londres en 2018, au palais de la reine Élisabeth II, en Kahu Huruhuru, cape traditionnelle maorie, symbole de pouvoir, remonte donc à loin. Et ne se réduit pas à un génial coup de communication, destiné à souligner la double culture du pays au long nuage blanc.
Ses valeurs de compassion trouvent leurs sources aussi dans son éducation dans une famille mormone. Église avec laquelle elle rompît pourtant clairement en 2000. Elle avait vingt ans et partageait un appartement à Wellington avec trois amis homosexuels. "Les valeurs mormones de ma famille sont alors entrées en collision avec mes valeurs personnelles". Tony Milne, un ancien colocataire, rapporte ces propos de Jacinda, qui a depuis, souligné à plusieurs reprises à la presse de son pays, qu’elle se considérait comme "agnostique" .
Tout le monde s’en souvient, elle a donné naissance à un enfant alors qu’elle était déjà première ministre. Six semaines de congés maternité, et le relais assuré ensuite par son conjoint, "père au foyer". Et que dire de ce discours à l’ONU, après qu’elle ait presque donné le sein en mondovision. La séquence aurait pu lui valoir de nombreux sarcasmes, la jeune mère les désamorça avec des propos d’une simplicité évidente "j’ai choisi d'allaiter ma fille, donc il faut bien qu’elle soit là avec moi, pour que je la garde en vie".
Une élection qui n'était pourtant pas jouée d’avance
Il a encore six mois, le parti travailliste de Jacinda Ardern était à égalité avec l’opposition de droite. Et certains éditorialistes évoquaient déjà la possibilité que cette première ministre, que le monde entier enviait aux néo-zélandais, et qui cumulait 60% d’opinions favorables, pourrait être battue après un seul mandat. Depuis la crise sanitaire est passée par là, les choses se sont décantées de telle manière que Jacinda Ardern devrait obtenir la majorité absolue le 17 octobre, elle qui a gouverné depuis 3 ans, en coalition avec deux autres partis, et qui n’a donc pas eu toujours entièrement les mains libres sur les dossiers.
En Nouvelle-Zélande, les opérations de vote ont déjà commencé, et on estime que 60% des électeurs voteront avant samedi prochain, le jour officiel des élections. On voit mal comment le verdict des urnes pourrait basculer à la dernière minute. "Elle a une image parfaite, elle est proche des gens et compétente" déclarait il y a quelques mois Jennifer Lees, spécialiste en marketing politique. "Elle possède tout ce qui fait défaut à nos dirigeants, humanité, transparence et compassion. J’aurais tellement aimé qu’elle soit notre première ministre" regrettait un lecteur du Guardian, le journal londonien. De quoi interloquer par exemple, les Boris Johnson et autre Emmanuel Macron, irrémédiablement privés de l’affection populaire dans leurs pays. Et peut-être aussi, d’angoisser la principale intéressée : comment ne pas décevoir sur la durée et dans les choix quotidiens du pouvoir, quand votre réputation est déjà tellement flatteuse.