Le 25 février dernier, une maman alerte sa communauté sur les réseaux sociaux : son fils a été abordé par un dealer qui voulait lui vendre du ICE, dans son propre quartier, à Papeari. La drogue est sur le pas de sa porte... Si la situation est préoccupante sur tout le Territoire, la commune de Teva I Uta est visiblement très touchée. La municipalité enregistre aussi quatre accidents de voiture mortels à la suite depuis le début de l'année.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux.
Tearii Alpha, maire de Teva I Uta
Conscient de la gravité de ces événements, le conseil municipal a organisé une réunion ce jeudi avec des représentants de l'Etat, du pays, des parents d'élèves et des associations pour échanger à ce sujet, sensibiliser et tenter de trouver des solutions. "Nous voyons les faits divers se produire et se reproduire dans notre commune depuis plusieurs mois. Des faits divers de plus en plus graves en termes d'accidents, en termes de pénétration de la drogue dans les écoles, dans le collège. Nous avons les rapports de notre police municipale qui continuellement rapportent la violence intrafamiliale, des foyers de consommation de drogue de plus en plus présents, partout. Et donc au vu de tout cela et l'accélération de ces événements, nous avons décidé de ne pas prendre ce dossier qu'avec la force d'un conseil municipal mais de mettre tout le monde autour de la table. D'associer les parents, les associations, les églises. (...) L'idée est de ne pas attendre une réaction du Pays puisque nous connaissons les habitants impliqués dans cette dérive" explique Tearii Alpha, maire de Teva I Uta.
Plus de blabla mais des actions concrètes.
Adeline Sabatier, présidente de l'APE du collège Tinomana-Ebb
Selon Adeline Sabatier, présidente de l'APE du collège Tinomana-Ebb, "l'urgence est là. (...) Nous souhaitons trouver un rempart contre cette drogue, contre toute drogue. On ne veut pas que cela continue dans nos écoles, dans nos collèges, dans notre commune. Cela fait trop de dégâts. On nous a exposé ce matin tous les accidents qui ont pu se passer en corrélation avec cette drogue. Donc on n'en veut pas et on veut que tout le monde se mobilise."
Le succès des groupes de parole
Des actions concrètes, aussi, pour éviter la récidive pour les consommateurs comme pour les dealers. "Une fois qu'on les a accompagnés dans ce programme qui dure huit semaines, qu'est-ce qui se passe ? On va encore les accompagner pendant un an en individuel. Mais à l'issue de la peine, qu'est-ce qui se passe ? Les gens reviennent dans la société" et donc continuer le travail d'insertion, grâce par exemple à des groupes de parole évoque Philippe Fournier, directeur fonctionnel du service pénitentiaire et de probation de Polynésie.
Malheureusement, ces groupes de parole ne sont pas forcément réguliers. Et à certains endroits ils n'existent même pas. Pourtant les familles de toxicomanes ont grand besoin de parler et d'être aidées. Averii Pied peut en témoigner. Depuis qu'elle a fondé le groupe de parole Onihi, elle est submergée de demandes. "Là je commence à être sollicitée de plus en plus par les communes notamment Teva I Uta (...) et je suis vite débordée. Et ça, ça veut dire que la Polynésie va mal. On a besoin de plus de personnes qui peuvent œuvrer pour ce combat" lance-t-elle. Pour l'heure, la jeune femme œuvre bénévolement mais elle réfléchit à faire de cette bataille son métier.
À la fin de la matinée, les participants ont proposé la mise en place d'une école de la parentalité.