Manuarii Teauroa : créateur haute-couture

L'enfant des Australes s'épanouit complètement dans le métier de créateur et invente un style polynésien haute-couture. 
Manuarii Teauroa : vous en entendrez sûrement parler encore et pour longtemps. C'est le seul polynésien à ce jour à avoir intégré la prestigieuse école de mode parisienne Esmod, qui forme aux métiers de la création et du stylisme. "Je ne regrette pas tous les sacrifices que j'ai fait. Je sais pourquoi je suis à Paris et je compte bien en profiter pour faire briller Tahiti", affirme le jeune homme de 30 ans originaire des Australes. Il suffit de voir ses créations pour comprendre : elles incarnent à elles seules la rencontre de deux traditions d'excellence ; celle du savoir-faire tuha'a pae, haut-lieu du tressage, et français, summum de la haute-couture, cristallisées par le talent de Manuarii. Le pa'eore et les coquillages tiennent une grande place dans son travail, autant que l'exigence de la coupe et des matières.
 

Moderne, raffiné et polynésien, le style de Manuarii s'est affirmé au fil des études et de l'expérience. Zoom sur son parcours.

 
 
 


Du lycée hôtelier de Punaauia à l'Esmod international Paris


Manuarii a tout quitté, presque du jour au lendemain : son travail, sa famille et ses proches, sa vie bien rodée à Tahiti. Diplômé d'une licence hôtelière et tourisme international, il travaille au Brando. Sa passion ? La couture, le tressage. Deux activités que sa maman, originaire de Rurutu, pratique à la maison. "Elle continue vraiment de m'inspirer, c'est mon héroïne", reconnaît Manuarii. "Elle tresse et fait de la couture avec patience et passion. Ces deux qualités m'aident moi aussi dans tout ce que je fait. Tout comme elle, ça me rend courageux, "toito" comme on dit chez nous, déterminé à faire toujours mieux. Cet état d'esprit fait partie de notre culture. J'ai à coeur de le vivre et de le partager". 
 
Manuarii entouré de sa maman et de sa petit soeur

Le déclic 


Lors de son temps libre, Manuarii crée, coud, tresse. Il se lance dans la confection de robes végétales pour différents concours de Miss, puis de tenues, et présente même une collection à la Tahiti Fashion Week. Manuarii commence à se faire à nom, à remporter des prix, ses créations font la Une des magazines à Tahiti. En 2018, il gagne le concours de Tahiti Designer. "L'engouement que mes tenues ont suscité lors de différentes apparitions publiques m'a motivé à réaliser le rêve que j'ai toujours nourri".
 
Robe présentée lors de l'élection Miss Tahiti 2018

Il décide donc de se lancer dans l'aventure. Son choix se porte naturellement vers Paris, capitale de la mode, pour tenter d'intégrer l'Esmod : "Je savais que l'entrée serait très difficile mais l'école est de renommée internationale". À ne pas se voir grand, on se garde petit. Manuarii réussit toutes les étapes et intègre l'école en septembre 2018. Il décide de prendre le cursus accéléré, deux ans d'études intensives qui en valent trois. Parallèlement à ses études, il continue à créer à la demande des tenues pour des clients en France et à Tahiti. "Je collabore depuis deux ans avec plusieurs modèles et photographes - connus des magazines - pour avoir une visibilité continue sur le marché, et ça marche ! Mes tenues ont été dans deux grands magazines de mode à Paris et aux Etats-Unis." 
 Manuarii vient de terminer sa formation à l'Esmod. Il a présenté il y a quelques jours son travail de fin d'étude au jury, dont voici un aperçu. Trois tenues dignes d'un grand créateur haute-couture. 
 

La culture, les matières et les savoir-faire polynésiens sont sa principale source d'inspiration, mais dans une expression totalement singulière ; stylisée et contemporaine. 

  


À ce jour, Manuarii attend les résultats (nous, on ne se fait pas trop de souci) : le défilé final et la remise des diplômes sont prévus le 8 octobre. Il est en stage au Manoir de Paris, en tant que costumier.
 

Et pour la suite ?


"J'ai beaucoup de projets en tête et à venir, je prend les choses étape par étape. Il me faut encore travailler deux ans au moins pour rentabiliser ma formation. Je souhaite également profiter de l'expérience parisienne pour me parfaire et apprendre des techniques de style et de modélisme au plus près des règles de la mode française. Pour cela, je cherche encore les maisons de haute-couture dans lesquelles je pourrais m'épanouir, au plus proche de ma vision de la mode et de mon univers personnel. À Paris il y a le choix, le travail dans la mode ne manque pas, il y a énormément d'offres, il faut juste choisir les bonnes options."
 

Travail, exigence, talent et originalité : avec de telles qualités, nul doute que la route de Manuarii dans l'univers de la création et de la mode sera longue et jalonnée de collections qui feront honneur à la Polynésie.