Une cérémonie d’ouverture sur les chapeaux de roues

Mercredi 16 décembre s’est déroulée la traditionnelle cérémonie d’ouverture du Matavaa. Défilé, discours, hymnes, spectacles… Ce début de festival a tenu toutes ses promesses. 


Depuis le haut de Atuona, des danseurs par dizaines sortent des écoles, des rues. Les enfants d’abord, puis les filles, et enfin les garçons…. Tous sont alignés les uns derrière les autres, ils se dirigent vers le centre du village, où le défilé d’ouverture du 10e festival des Marquises va commencer.

Tous ont respecté le thème en s’habillant en costume traditionnel : en auti. Des costumes aussi magnifiques que différents. Chaque délégation, chaque danseur, chaque musicien a réalisé une parure à son goût, ils ont su faire preuve de créativité. Certains comme ceux de la délégation de Fatu Hiva ont fait la différence avec des sublimes parures de tapa, l’une des spécialités de cette île des Marquises.

Les Rapa Nui ont aussi marqué les esprits avec cette peinture blanche et marron dont les hommes étaient recouverts et les magnifiques ensembles en fibre des femmes.

Au milieu des onze délégations présentes, tel un guerrier descendant de la vallée, Humu Kaimoko, le président du Comothe, est apparu sur son cheval sauvage. L’image est belle. Les nombreux touristes venus pour le Matavaa ne l’ont d’ailleurs pas manqué. « Il est beau », chuchote à l’oreille de sa voisine, une farani à l’accent marseillais. Plusieurs autres cavaliers rejoindront Humu Kaimoko, Tous auront autant de succès et seront le sujet des nombreux photographes. Mais, pour le président du Comothe, le plus jeune depuis la création du Matavaa en 1987, l'important reste de voir rassembler tous les Marquisiens de Polynésie ici, à Hiva Oa.

« C’est un moment émouvant. Surtout que toutes les délégations ont respecté le thème en défilant en  costume traditionnel », confie le trentenaire, du haut de sa monture. C’est lui et ses cavaliers qui ouvriront le défilé, ils seront d’ailleurs les premiers à partir.

« Taki Toa, Taki Toa ». A l’arrière, les garçons de la troupe venue de Tahiti mettent l’ambiance. Ils sont remontés à bloc, ils n’ont qu’une hâte : danser. Comme les garçons des autres délégations, ils portent tous ou presque un collier, celui du guerrier. Chacun a le sien : un os de cochon, de chèvre ou de bœuf, récupéré lors d’une partie de chasse.

Celui de Teiki est composé d’un pendentif fait avec une rotule de bœuf qu’il a ensuite gravée. Le bijou est magnifique. Les danseurs de Rapa Nui sont aussi en forme. Ils chauffent la foule avant d’arriver sur le grand stade où se déroule la cérémonie. Une fois sur le terrain, les délégations applaudies par le public venu nombreux, se  place dans un certain ordre. Ils font face à la tribune où les spectateurs, les officiels et les invités sont installés. Une voix présente les délégations en français et tahitien.

Vient ensuite le temps de la traditionnelle prière, moins longue qu’elle ne le fut lors de certains festivals. La religion est très importante aux Marquises, une grande majorité de la population est croyante et pratiquante. La plupart sont catholiques.
Ce moment est donc important pour les délégations qui ont été priées de se retourner pour faire face à la mer juste le temps de ladite prière. Avant de commencer les discours, les hymnes marquisiens et français ont notamment été chantés.

« Notre défi est de motiver la jeunesse attirée par les lumières de la modernité ». C’est avec ces mots que le maire de Hiva Oa, Etienne Tehamoana, lance le premier d’une série de discours. Vêtu d’une chemise blanche ornée d’une chaîne vraisemblablement en or posée sur une écharpe aux couleurs du drapeau français, l’élu semble fier d’accueillir ce 10e Matavaa. 
 Humu Kaimoko, président du Comothe, a lui aussi éprouvé cela. L’homme de culture, qui a remercié sa grand-mère pour lui avoir transmis une partie de ses connaissances sur la danse marquisienne, voit en ce festival un moyen de renforcer les liens déjà très forts entre les Marquisiens. Son discours, prononcé en partie en marquisien, fera son effet sur les délégations. Comme celui de ce tuhuka connu sous le nom de Toti, le président du motohuka. Chapeau de niau sur la tête pour se protéger du soleil et de la chaleur, Toti a surtout remercié les anciens qui ont su transmettre la culture. « Une transmission très difficile ! ».  

La culture des anciens et sa transmission. Les deux mots d’ordre de ce Matavaa.

Le Président du pays reviendra dans son discours sur le renouveau culturel commencé il y a 40 ans, notamment par la pirogue Hokulea. « Aujourd’hui, enfin, nous retrouvons un peu d’estime de soi. ». Habillé lui aussi d’un chapeau polynésien, Edouard Fritch évoque oh combien il est important que de tels événements aient lieu pour que la culture polynésienne et marquisienne puisse perdurer et grandir. « Tous les quatre ans, vos traditions sont présentées devant vos enfants qui les perpétueront », déclare le chef du gouvernement. Du haut de sa tribune il rappelle néanmoins que transmettre sa culture ne veut pas dire la surprotéger, un juste équilibre pour ne pas que nos jeunes s’en éloignent.
S’exprimant en tahitien et français, Edouard Fritch a ensuite laissé la parole au Haut-commissaire. En tant que représentant de l’Etat, l’homme  Lionel Beffre a rappelé les moyens déployés par la France pour ce festival.


« On en a marre des discours, on veut voir le spectacle ». Le public semble s’impatienter. Les danseurs d’Hiva Oa prennent enfin place dans le stade. Ils sont nombreux, ils sont jeunes, vieux… Ils sont magnifiques. Devant des spectateurs conquis d’avance, la population d’Hiva Oa présente un sublime spectacle pour ouvrir ce Matavaa.
Viendront ensuite Tahuata, la première délégation à danser. Respectant le thème de « Retour aux sources », ils présenteront un spectacle essentiellement composé de chants, très doux, avec bien sûr le Haka manu, la danse des oiseaux. Les garçons et les filles de Taki Toa, eux, danseront quelque chose de plus moderne. Ils se réservent pour la prestation du soir au Tohua Pepeu où ils présenteront un  spectacle sur le thème de la déesse du tatouage, Ikioani.


Petite rétrospective de la cérémonie d'ouverture :