Les plaisanciers oubliés du PGEM de Moorea ?

Au large de la plage de Taahiamanu à Moorea.
Le nouveau PGEM de Moorea, qui a été approuvé par conseil des ministres, fait débat auprès des plaisanciers. Selon eux, il a été pensé sans prendre en compte la vie réelle des navigateurs. Ils estiment qu’il n’est pas applicable en l’état.

Seuls 30 bateaux pourront mouiller à Moorea en même temps dont la majorité dans des baies aux fonds profonds. Sauf qu'aujourd'hui, la marina de Vaiare compte 66 bateaux. Celle de Punaauia, 200. De quoi poser problème selon le président de l’association des voiliers de Polynésie, Arnaud Jordan. "On aimerait savoir comment appliquer un quota de mouillages, qui est le premier, qui est le deuxième, et qui est le contrevenant quand il y a 3 bateaux ? C'est simplement pas applicable. Ensuite, je pars de Tahiti, je voudrais mouiller à Moorea, on me dit qu'il y a de la place à Vaiare. Mais comme il y a 2 places, et le temps que je me déplace, est-ce qu'il y aura encore de la place quand j'arriverais ?", se demande-t-il.

"Tuer la plaisance"

 

Autre problème avec ce PGEM : la limitation de temps de 48 heures sur les zones les plus sûres, soit les fonds de sable. Native de Moorea, Poema vit sur son voilier. Elle ne comprend pas cette décision. "48 heures, oui, pour les gens qui viennent en week-end de Tahiti, mais nous voileux qui habitons sur les voiliers, ce n'est pas logique ! Nous, on ne fonctionne pas avec des montres, on fonctionne avec le temps, de nos capacités de naviguer ou pas", s'insurge-t-elle.

Baie de Pao Pao, Moorea.

 

En 2014, le gouvernement souhaitait développer la plaisance. Mais, selon l’association des voiliers de Polynésie, force est de constater qu’il n’y a pas eu de nouvelles infrastructures en 6 ans. Toutes les marinas sont saturées et les corps-morts pris. Une difficulté supplémentaire pour les plaisanciers et notamment les touristes. "Développer les marinas, développer les mouillages. Pour la plaisance, il faut qu'il y ait des endroits où on puisse rester au port, et laisser son bateau pendant quelques mois. Ensuite, il [le plaisancier] va vouloir naviguer, et là il a besoin de mouillages, qui soient agréables et pas interdits. Ceux qui préparent leur voyage se demandent s'il est judicieux de passer par nos îles. Là, on est en train de tuer la plaisance", ajoute Arnaud Jordan. 

Discuter

 

Des informations sur le PGEM ont bien été transmises par les services de mairie mais il n’y a pas eu de concertation auprès des plaisanciers. Ce que trouve bien dommage les premiers concernés. "C'est des gens qui ont fait un PGEM, des règles, en ne connaissant rien de la vie des voiliers. Comme ils l'ont pondu assez rapidement, ils pourront le modifier assez rapidement. Donc venez nous voir, qu'on en discute, et que les choses soient faites normalement, en discutant avec les gens concernés qui vivent sur la mer !", clame Poema.

Elle n'est pas la seule à être en colère. Reste à savoir si les plaisanciers seront entendus et voire si le PGEM sera modifié ou non. 

Suliane Favennec