Moorea : sauvetage périlleux dans un ravin

Samedi 24 mars, un randonneur a été sauvé grâce à la détermination et au courage de ses amis. Jean-Michel Monot, organisateur de la X-Terra raconte sur sa page Facebook ce sauvetage périlleux de nuit.
Lundi 26 mars vers 20h15, Jean-Michel Monot reçoit l’appel d’une amie. Celle-ci s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son mari, Yves, parti seul en randonnée sept heures plus tôt.

En 15 minutes, la team VSOP (Vieux Sportifs Oenologiquement Passionnés) s'équipe puis se rend rapidement au départ du sentier qu' Yves a emprunté, face à la résidence Sunset Beach à Moorea. Les pompiers sont déjà sur place, ils cherchent le randonneur depuis la fin de l'après-midi mais sans succès.

Accompagnés de la chienne malinoise Ness, d'un pompier et des deux randonneurs, ils attaquent la crête aux alentours de 21h. Au bout d'une demi-heure, ils croisent deux pompiers qui pensent être allés le plus loin possible sur la crête dangereuse du "Uui". Malgré cela, l'équipe décide de continuer au-delà de cette position.

De nuit, la crête est impressionnante avec des falaises de chaque côté et un vent continu. A un moment, faute de traces, les trois hommes hésitent à continuer. La crête est constituée de rochers escarpés. Guidés par la chienne, le trio reprend sa marche, lentement, en appelant sans cesse leur ami disparu, sans obtenir aucune réponse.

Vers 22h00, après quasiment deux heures de recherches et de marche, alors qu'ils sont tout près de la cime, une voix se fait entendre. Oui, c'est bien Yves ! L'émotion est intense pour l'équipe.

Celui-ci a fait une chute de plus de 15 mètres en contrebas.  Il est stabilisé dans cette forte pente sur un arbre frêle qui lui a sauvé la vie. Avec beaucoup de difficultés, le trio parvient à le rejoindre.

Le diagnostic est sombre : cheville gauche cassée, cheville droite foulée, plusieurs côtes cassées, mais il est bien conscient. La famille et les pompiers sont immédiatement prévenus. Une équipe de sapeurs les rejoint avec une nacelle et des cordes. Malgré ce matériel adapté, il faudra deux bonnes heures pour sécuriser le blessé et le sortir de cette situation très dangereuse. Ils parviendront aux alentours de minuit et demi à le ramener sur la crête ventée.

Une intervention héliportée est indispensable car il est impossible de le transporter sur cette crête escarpée.

Après une dizaine de tentatives, le Dauphin doit regagner la base en raison de la violence du vent. L'équipe pédestre prend alors la décision de rester sur place et de s'organiser pour y passer la nuit. 

Les pompiers possèdent un matériel médical adapté et la présence d'un infirmier anesthésiste, permet, sans espoir de dépose d'un médecin, d'effectuer les soins nécessaires. Yves va mieux, la douleur est calmée, les fractures stabilisées.

Vers trois heures du matin, la pluie fait son apparition. A 500 mètres d'altitude, en plein vent, une tente de fortune est montée pour protéger le patient. Deux pompiers sont redescendus pour reprendre du ravitaillement et du matériel.

Vers 4 heures, de l'eau et des sacs plastiques sont acheminés jusqu'à l'équipe. La sérénité est de mise malgré la situation délicate. Vers 5h15, les premières lueurs du jour apparaissent. Il s'écoule encore 45 minutes avant que l'hélicoptère de la Marine ne fasse une nouvelle tentative.

A 6h05, le Dauphin est en vol stationnaire au dessus du groupe. Le "plongeur" est déposé sur zone avec un brancard adapté. Il faut encore une demi-heure de préparation pour transborder Yves de sa coque sur la planche d' hélitreuillage. 

Il est 6h35 lorsqu'il s'envole enfin dans le ciel pour être embarqué à bord de l'hélicoptère.

Les pompiers et toute l'équipe qui a participé au sauvetage se congratulent, heureux de ce bon dénouement après douze heures sans dormir et une tension permanente. La troupe peut enfin redescendre avec sécurité vers le Sunset qu'ils atteignent vers 08h30. 

Le rescapé est de son côté immédiatement transporté à l’hôpital de Taaone pour y être opéré.