Un nouveau cyclone sur les Caraïbes

Après Irma (à gauche) le cyclone José devrait frapper l'arc antillais ce week end
Exsangues après le passage d'Irma, qui a fait au moins dix morts et sept disparus, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy affrontent samedi une nouvelle épreuve avec l'ouragan Jose, dont le passage va interrompre les secours.
Alors qu'Irma poursuit sa route destructrice dans les Caraïbes avant d'atteindre dimanche la Floride, l'ouragan Jose, rehaussé en niveau 4 sur une échelle maximale de 5, devrait passer samedi "à 100 km au nord de Saint Martin" selon les dernières prévisions de Météo France, qui a placé Saint-Martin et Saint-Barthélemy en alerte rouge cyclonique.
             
Cela entraînera "de la houle avec des creux de 5 à 7 mètres, de fortes pluies orageuses et des rafales de vents allant jusqu'à 130 à 150 km/h".
             
Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont "devenues hyper vulnérables après le passage de l'oeil d'Irma", rappelle Météo-France, précisant que "les conséquences sur les îles seront fonction de la distance du centre" de l'ouragan Jose.

Une population sous le choc

             
Une nouvelle épreuve en vue pour la population, pas forcément informée et encore sous le choc.
             
La préfecture de région a demandé "de regagner les abris les plus sûrs avant le passage du cyclone, et de s'éloigner des côtes et quartiers inondables".                
             
Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu pour les personnes et les véhicules (hors missions de service publics) a été mise en place à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 de vendredi à mercredi, a indiqué la préfecture déléguée des deux îles.
             
"On est un peu fataliste car on a tellement vécu quelque chose d'extraordinaire avec Irma", résume Olivier Toussaint, installé à Saint-Barthélemy.
             
"Il y a beaucoup de solidarité. Les gens se font héberger chez les uns et les autres. C'est le système D et l'entraide qui priment", témoigne Valentine Autruffe, correspondante de l'AFP sur l'île.
             
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a décidé de se rendre à Saint-Martin afin de se trouver pendant le passage de Jose "aux côtés tout simplement des populations, mais aussi de toutes les forces de l'ordre qui sont sur place, des fonctionnaires mobilisés".

Une course contre la montre

             
Les secours sont lancés dans une course contre la montre avant l'arrivée du nouvel ouragan, qui devrait paralyser samedi les liaisons aériennes, les liaisons maritimes étant elles déjà suspendues. Les rotations aériennes "sont en priorité affectées à l'envoi des secours, des forces de l'ordre ainsi que des vivres", a précisé la préfecture de région.
             
Selon le ministère de l'Intérieur, 1.105 personnes sont déployées sur place (gendarmes, policiers, Sécurité civile, militaires, personnels de santé...). On dénombre 300 sapeurs-pompiers, 65 techniciens et ingénieurs d'EDF, 74 ingénieurs spécialisés dans les crises, 400 gendarmes mobiles et une trentaine de personnels de santé.
             
Une "électricité d'urgence" a été rétablie à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, alimentant notamment les hôpitaux des deux îles dévastées par l'ouragan Irma, a annoncé EDF vendredi.
             
Dans la ville de Marigot, chef-lieu de Saint-Martin, l'AFP a constaté que les toitures sont crevées, des débris de tôle, de ferraille et de végétaux jonchent le sol, les routes sont encore légèrement inondées. Mais le déblaiement est en cours par endroits. La population dégage les obstacles, scie les arbres, fait des tas de branchages.

L'état de catastrophe naturelle décrété

             
L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour Saint-Martin et Saint-Barthélémy, devant permettre l'indemnisation des dommages subis, a été publié au Journal officiel.                
             
Le chaos profite aux pilleurs : plusieurs témoignages recueillis sur place ont fait état de magasins dévalisés après le passage dévastateur de l'ouragan.
             
Le ministère de l'Intérieur a précisé que 384 gendarmes étaient sur place, appuyés par des hélicoptères pour traquer les délinquants.
             
Deux hommes, dont un adjoint de sécurité de la Police aux frontières, ont été arrêtés sur l'île de Saint-Martin, en train de piller du matériel nautique.
             
Le cyclone resté trois jours en catégorie 5 - maximum sur l'échelle d'intensité des ouragans - avant d'être rétrogradé en catégorie 4 vendredi, a fait au moins dix morts et sept disparus, selon le dernier bilan donné vendredi en fin de journée par la préfète déléguée de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui a fait état également de 247 personnes admises pour des consultations à l'hôpital de Saint-Martin.
             
Cela porte à 19 le nombre total de personnes ayant trouvé la mort lors de son passage dans les Caraïbes: outre les dix dans la partie française de Saint-Martin, on compte quatre personnes dans les îles Vierges américaines, deux à Porto-Rico, deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, une à Barbuda.
             
Parmi les blessés répertoriés par les autorités françaises, une quinzaine ont été acheminés dès jeudi soir vers le CHU de Guadeloupe, dont "des victimes de traumatismes physiques", crâniens, orthopédiques, des membres, ou "une femme qui avait accouché pendant ou après l'ouragan" d'une petite fille prématurée, selon Patrick Portecop, directeur du Samu en Guadeloupe.                            
L'ouragan Irma n'a pas provoqué de pertes humaines ni de dégâts majeurs dans l'archipel des Bahamas, selon un premier bilan communiqué vendredi.
             
A Cuba, plus de 10.000 touristes ont reçu l'ordre de quitter leurs hôtels ou résidences.
             
En Floride, où Irma est attendu dimanche matin et où vivent plus de 20 millions de personnes, tous les habitants "devraient se préparer à évacuer bientôt", selon le gouverneur Rick Scott.
             
Jusqu'alors, plus d'un million de personnes étaient visées par des ordres d'évacuation obligatoire en Floride et dans l'Etat voisin de Géorgie.
             
A Porto Rico, plus de la moitié des 3 millions d'habitants sont désormais sans électricité, des refuges ont été ouverts pouvant accueillir jusqu'à 62.000 personnes. Une partie d'Haïti est sous les eaux et 19.000 personnes ont été évacuées en République dominicaine.