Le gouvernement a soumis le texte de loi sans aucun changement pour étude en commission à l'assemblée. Il sera ensuite débattu et amendé avant sa promulgation. L'objectif est de gagner du temps.
Le représentant à l'assemblée de la Polynésie, fait partie de ceux qui ont porté l'affaire devant la plus haute juridiction administrative. Il est satisfait que les arguments qui ont été mis en avant sont valables : « On savait que ce texte était mauvais depuis le début. Il a suscité l'opposition de tous les acteurs économiques, le ministre lui-même a indiqué qu'il ne souhaitait pas faire de concertation. Il a créé de la dissension au sein de la majorité et c'est ce qui a conduit le président de l'assemblée à bafouer le règlement intérieur pour faire adopter ce texte en force ».
Si le conseil d'Etat confirme la décision d rapporteur public, les conséquences seront importantes pour le Pays, avec un manque à gagner de 1,7 milliard de Fcfp : « Je constate que le président de l'assemblée confond « vitesse » et « précipitation ». C'est pas en examinant au préalable un texte en commission alors que le conseil d'État n'a pas encore rendu sa décision, qu'on va gagner du temps, d'autant plus que la première loi n'est pas abrogée. On n'a pas non plus d'informations sur le manque à gagner des recettes fiscales. On a aussi de vraies questions sur les impôts qui auraient été indûment perçus pendant cette période. »
La majorité Tavini au sein de l'assemblée de la Polynésie est donc dans une course contre la montre. Elle doit régler le problème au plus vite pour éviter des pertes conséquentes. Une situation qui, selon Nuihau Laurey, pousse le gouvernement et l'assemblée à aller à l'encontre de ses intentions initiales : « C'est contraire au premier séminaire du gouvernement où le ministre a indiqué qu'il souhaitait de la concertation; et entendre tous les acteurs économiques. On voit finalement que ce texte qui a fait l'objet d'oppositions majeures est finalement redéposé en l'état. »
En plus des défauts de forme mis en avant par le rapporteur public, il y aurait également selon l'ancien sénateur des erreurs de fond qui pourraient renvoyer à nouveau le texte devant le conseil d'État. Mais le plus grand danger réside dans les conséquences de ces nouvelles mesures sur l'économie locale : « En ce qui concerne la défiscalisation, tous les dossiers qui ont été déposés ont été retoqués ça veut dire que plusieurs milliards d'investissement ne se feront pas. C'est vrai que le président nous a indiqué qui allait trouver des investisseurs à Singapour qui n'ont pas besoin de défiscalisation, je demande à voir. Si je prends l'exemple du village tahitien on n'en entend plus tout parler alors que le gouvernement avait indiqué vouloir finaliser ce projet. On voit que beaucoup de projets finalement tombent à l'eau. »
Nuihau Laurey craint un ralentissement de l'activité économique locale. « Aujourd'hui et dans les six premiers mois on voit une baisse notable de l'activité économique, annonce-t-il. » L'opposition attend également avec impatience l'arrivée de la « grande réforme fiscale » et la réforme de la PSG annoncée par la majorité avant son élection.