Municipales Uturoa : fermeture des bureaux de vote

Les bureaux de vote sont fermés, place désormais au dépouillement des urnes. Pour ce premier tour des élections municipales d’Uturoa, le taux de participation est de 81,1%

C’est terminé, les dés sont jetés… Il est 19h et les bureaux de votes sont désormais fermés. 2915 électeurs se sont déplacés pour accomplir leur devoir de citoyen. Un deuxième essai après les élections de juin 2020 qui ont finalement été invalidées par le tribunal administratif puis le conseil d’État suite à des procurations litigieuses. Après plus de neuf mois aux commandes avant d’en être retiré, Matahi Brotherson reprendra-t-il les rênes de la mairie ? Sylviane Terooatea briguera-t-elle un nouveau mandat après déjà 12 ans de siège ? Dans une heure, le nom de l’heureux élu sera connu.

 

En attendant que les urnes soient dépouillées, les derniers inscrits viennent voter pour l’un des deux candidats en lice. Après l’affluence de la matinée, l’après-midi a laissé place au calme. À 18h, si on comptait 2796 suffrages exprimés sur les 3594 inscrits, les votants ont quelque peu déserté les bureaux de vote. La fête des Pères et le bon "ma’a" familial du midi n’y sont certainement pas pour rien. Dans les couloirs de la mairie, seuls les colistiers des candidats ont pris racine sur les rambardes blanches de l’établissement, espérant voir des citoyens arriver. Chaque camp se fait face, l’un est situé à l’entrée de la salle des mariages, l’autre devant l’entrée du front de mer. L’ambiance n’est pas électrique mais pas conviviale non plus.

 

Parmi les courageux de l’après-midi, ce couple de Métropolitains installé depuis douze ans sur le territoire dont six à Uturoa. Les quinquagénaires ont bravé la pluie diluvienne pour déposer leur voix. « On fait partie d’une petite communauté, c’est important qu’on donne notre avis, confie Frédéric qui en bon Normand n’a pas peur de la pluie, Maintenant, on attend un maire stable ». Il faut dire que Uturoa est sans maire depuis quelques mois. Après la confirmation du conseil d’État d’annuler les élections 2020, une délégation spéciale au sein de la commune a été mise en place le 6 avril dernier. Sa mission doit prendre fin le soir de la proclamation des résultats finaux du scrutin. Mais en attendant, elle assume toutes les fonctions du conseil municipal -et son président celui de "tavana"- uniquement pour ce qui relève de l'expédition des affaires courantes de la commune du point de vue administratif. Alain Astre qui en occupe la place de président, revient plus en détail sur le rôle de cette délégation.

 

 

Les municipales ont toujours rencontré un franc succès par rapport aux autres élections. C’est celle qui permet d’élire le premier magistrat de l’île, la personnalité politique la plus proche de la population. Les doléances des électeurs sont concrètes et le vote est primordial pour que les lignes puissent bouger. C’est en tout cas l’avis de ce pêcheur de 49 ans. Lazare vit à Uturoa depuis 1990. Cela fait 21 ans qu’il pratique cette profession. S’il est venu voter, c’est pour prêcher sa paroisse. « Des choses doivent changer au niveau de notre marina où on s’alimente en eau. On paie nos factures avec le port autonome, on aimerait avoir une aide ! Surtout qu’avec le covid, la situation s’est compliquée : on vend moins dans les hôtels ou restaurants, on est revenu au bord de route et dans les supermarchés ».

 

Un peu plus loin, dans une autre rangée de bureau de vote, Albert, 61 ans. L’homme est responsable de la centrale électrique d’Uturoa. « Il faut la changer, elle est trop vielle, elle est complétement vétuste. C’est dangereux ! », confie cet électeur originaire de la commune. Dans les rangs, il n’y a pas seulement des parents ou des grands-parents mais aussi des jeunes adultes. Meretini, 19 ans, a voté pour la première fois l’année dernière par procuration. Si elle est là aujourd’hui, c’est pour rendre honneur à ces femmes qui se sont battues pour qu’elles aient le droit de vote comme les hommes. « Elles nous ont ouvert le chemin, alors je me dois de faire mon devoir de citoyenne », souligne cette étudiante en vacances chez ses parents. Heremoana, 19 ans lui aussi et étudiant en BTS, a tenu à contribuer à cette élection. « Je dois voter car clairement j’attends plus de travail. Je vois trop de jeunes qui traînent au bord de route et de famille en difficulté. »

Alors que la mairie d'Uturoa revit avec l'arrivée des électeurs et des fidèles, impatients de voir le résultat, le dépouillement poursuit son chemin... Plus que quelques minutes avant de savoir qui sera le maire ces 5 prochaines années d'Uturoa.