Rencontre avec Denis Grosmaire

Sa passion ? Observer de très près les requins-tigres. 
Il a grandi entre Maupiti, Rikitea et Moorea. D'aussi loin que ses souvenirs remontent, il a toujours aimé l'océan, le surf, la pêche et plus récemment, l'apnée, discipline dans laquelle il excelle. Pour les requins, tout a commencé́ en 2004. Avec une bande de copains de travail amateurs de sensations fortes, ils plongent en apnée avec les requins-tigres autour de Tahiti lors d’expéditions en bonitier. Un petit jeu qui devient une passion, mais qui aboutit surtout à la volonté de protéger ces animaux en danger : dans les années 2000, la Polynésie exporte vers la Chine 8 tonnes d'ailerons de requins séchés. Denis Grosmaire fonde l'association de protection des requins "Tore tore" en 2005 avec Christian et Matairii. Avec cette association, ils sensibilisent les autorités mais aussi la jeunesse à la nécessité de préserver les requins en Polynésie. Après quelques mois de travail, Tore tore parvient à obtenir une première loi de protection. Dès lors, il est illégal de prélever les ailerons de requins en Polynésie. Plus tard, en 2012, la Polynésie devient l'un des plus grands sanctuaires de requins au monde. "Un requin vivant rapporte plus qu'un requin mort", assène Denis. Aujourd'hui, il est installé à Tikehau où il propose des activités touristiques autour de l'océan et du lagon. Il étudie les requins-tigres et s’intéresse à leurs comportements, déplacements, zones de fréquentation et autres données scientifiques pour mieux les connaître. Chaque jour, que ce soit pour une partie de chasse sous-marine ou pour le plaisir, il plonge avec ces animaux avec lesquels il avoue avoir une connexion particulière. Bien qu'il se soit lui-même fait mordre à la cheville il y a quelques années par un pointe noire lors d'une session de pêche sous-marine, il estime que les humains "ne sont pas dans le menu des requins. Je me suis fait mordre parce que j'avais du poisson sanguinolent à la ceinture, c'était une erreur de ma part. Le requin est bien moins dangereux que le pit-bull par exemple. Nous sommes dans leur élément et c'est à nous d'adopter les bons comportements. Le requin n'est pas un tueur, sinon il n'y aurait plus de pêcheurs, de plongeurs, de surfeurs ou de rameurs en Polynésie depuis longtemps". L'association Tore tore poursuit son travail de sensibilisation et de protection des requins en Polynésie. Parmi leurs prochaines actions : promouvoir la place du requin dans la culture polynésienne, développer des partenariats à travers le monde pour mieux défendre ces animaux, mais aussi étudier de près les migrations des requins-tigres en Polynésie française.
 

Rencontre avec Denis Grosmaire