Aux assises, c’est un couple de jeunes parents qui est jugé sur 3 jours. Ils sont accusés d’avoir secoué mortellement leur bébé de 1 an. Pourtant, ils ont longtemps nié les faits. Compte rendu d'audience.
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Quand « Mananui » (prénom d’emprunt) décède à l’hôpital en mars 2015, sa mère l’assure : il jouait « tranquillement » et tout d’un coup, « il s’est effondré ». Pourtant, l’autopsie révélera le calvaire vécu par le bébé de 1 an : deux anciennes fractures, plusieurs hématomes sous-duraux et une hémorragie dans les yeux.
Ce n’est qu’un an plus tard, en juin 2016, en garde-à-vue, que les parents âgés de 25 et 22 ans reconnaissent les faits. Des violences conjugales régulières sur fond d’alcoolisation massive et le petit garçon utilisé comme bouclier. Un bébé qui accusait déjà un retard d’acquisitions et une croissance anormale.
D’ailleurs, les rumeurs dans le quartier faisaient régulièrement état de « gag » ou de « méchante bagarre ». A l’ouverture de l’audience, la mère raconte que son conjoint était très jaloux, buvait beaucoup, l’insultait tous les jours et la frappait régulièrement. Plusieurs fois, lors d’épisodes de violences ou sous l’effet de l’alcool, l’enfant était tombé de ses bras. La veille de son décès, elle se souvient que le bébé pleurait et qu’elle l’a secoué à deux reprises, dans la colère dirigée contre son compagnon dont elle se dit malgré tout « toujours amoureuse ».
Le père, lui aussi, exprime ses regrets : « Je regrette tout ce qui s’est passé. Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. Il me manque. Je pense fort à lui et il restera toujours dans mon cœur. » Pour le père, ce sont des coups portés « involontairement » :
Aujourd’hui, à la barre, la sœur du père et celle de la mère livrent plutôt des témoignages à charge contre la mère, décrite tantôt comme « fainéante », tantôt comme « colérique ». Mais incapable selon elles de maltraiter son bébé, déjà malade, « en tant que mère, ce n’est pas possible. Une mère, ça protège son bébé » déclare la sœur aînée qui ne cache pourtant pas sa rancœur. Submergée par l’émotion en entendant le prénom de l’enfant, elle raconte :
Mais ni les services sociaux qui suivaient la famille, ni les proches n’ont signalé de maltraitance à l’encontre de l’enfant. Deux fois pourtant, les services sociaux ont effectué une visite au domicile, un squat en tôle sur de la terre battue. Ils constatent que l’enfant dort dans un chariot de supermarché et proposent des bons pour un lit et une poussette. Ils écrivent : « Nous conseillons à la mère de ne pas le laisser sans surveillance. » Sans suite.
Placés en détention provisoire depuis 1 an après avoir violé leur contrôle judiciaire, les parents doivent répondre de violences ayant entraîné la mort sur un mineur de moins de 15 ans par ascendant. Leur fils aîné, lui, est placé. Aujourd’hui, il est le seul représenté sur le banc des parties civiles.
Le couple encourt 30 ans de réclusion criminelle.
Ce n’est qu’un an plus tard, en juin 2016, en garde-à-vue, que les parents âgés de 25 et 22 ans reconnaissent les faits. Des violences conjugales régulières sur fond d’alcoolisation massive et le petit garçon utilisé comme bouclier. Un bébé qui accusait déjà un retard d’acquisitions et une croissance anormale.
D’ailleurs, les rumeurs dans le quartier faisaient régulièrement état de « gag » ou de « méchante bagarre ». A l’ouverture de l’audience, la mère raconte que son conjoint était très jaloux, buvait beaucoup, l’insultait tous les jours et la frappait régulièrement. Plusieurs fois, lors d’épisodes de violences ou sous l’effet de l’alcool, l’enfant était tombé de ses bras. La veille de son décès, elle se souvient que le bébé pleurait et qu’elle l’a secoué à deux reprises, dans la colère dirigée contre son compagnon dont elle se dit malgré tout « toujours amoureuse ».
J’ai honte de moi, honte de mon concubin. A cause de nous, notre fils n’a pas pu survivre
Le père, lui aussi, exprime ses regrets : « Je regrette tout ce qui s’est passé. Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. Il me manque. Je pense fort à lui et il restera toujours dans mon cœur. » Pour le père, ce sont des coups portés « involontairement » :
Avant, on buvait beaucoup. On se disputait. Je lui donnais des coups sans savoir qu’ils touchaient mon fils.
Aujourd’hui, à la barre, la sœur du père et celle de la mère livrent plutôt des témoignages à charge contre la mère, décrite tantôt comme « fainéante », tantôt comme « colérique ». Mais incapable selon elles de maltraiter son bébé, déjà malade, « en tant que mère, ce n’est pas possible. Une mère, ça protège son bébé » déclare la sœur aînée qui ne cache pourtant pas sa rancœur. Submergée par l’émotion en entendant le prénom de l’enfant, elle raconte :
...et de conclure : « ce bébé, c’était un amour. ».J’ai demandé plusieurs fois à prendre cet enfant avec moi. J’étais présente à l’accouchement, c’est moi qui ai coupé le cordon, donné le premier bain…à ses obsèques, ma sœur est venue s’excuser auprès de moi. Elle m’a dit qu’elle aurait dû m’écouter, qu’elle aurait dû me le donner, on n’en serait pas là…Pour moi, elle est responsable de ce qui est arrivé.
Mais ni les services sociaux qui suivaient la famille, ni les proches n’ont signalé de maltraitance à l’encontre de l’enfant. Deux fois pourtant, les services sociaux ont effectué une visite au domicile, un squat en tôle sur de la terre battue. Ils constatent que l’enfant dort dans un chariot de supermarché et proposent des bons pour un lit et une poussette. Ils écrivent : « Nous conseillons à la mère de ne pas le laisser sans surveillance. » Sans suite.
Placés en détention provisoire depuis 1 an après avoir violé leur contrôle judiciaire, les parents doivent répondre de violences ayant entraîné la mort sur un mineur de moins de 15 ans par ascendant. Leur fils aîné, lui, est placé. Aujourd’hui, il est le seul représenté sur le banc des parties civiles.
Le couple encourt 30 ans de réclusion criminelle.