Heiura Nena est une ancienne étudiante de Nice. Comme des milliers de personnes, elle était sur la promenade des anglais ce soir du 14 juillet 2016. La jeune Tahitienne raconte sa soirée qui aurait pu être sa dernière à Nice…
•
« C'est une journée qui commence bien. Avec une de mes amies niçoises et ses parents, le matin on fait un tour en bateau avec un passage devant la promenade des anglais où on contemple cette belle ville : Nissa la Bella! Puis l'après midi on rend visite à la grand mère, en attendant la soirée.
Après le dîner, il est 21h10, et on descend pour aller voir le feu d'artifice prévu à 22h. On prend le tram au niveau de la gare, deux arrêts après on est à la place Masséna. Pour être en face du spectacle lumineux, on décide de se mettre au carrefour au niveau du Mcdo sur la promenade.
Il y a du monde, et on se dit qu'on reste un peu en retrait, derrière la foule. Plusieurs fois lors de la descente, on se parle d'un risque de danger, car c'est un regroupement, qu'il y a du monde, que c'est une date importante pour la France, que c'est un événement connu de la côte d'azur. Mais on veut voir ce feu d'artifice, prendre du bon temps, ensemble, mon amie, sa mère et moi, avant mon retour sur Paris et Tahiti.
Quelques secondes après 22h, les lampadaires s'éteignent et le feu d'artifice débute. On prend des photos, des vidéos, on envoie des messages. On contemple le spectacle, les yeux pétillants et le sourire large. C'est la troisième fois que je le vois, et la première fois d'aussi près. Comme à chaque 14 juillet, c'est magnifique! Il est 22h20, et je filme le final, de multiples jets de couleurs lumineuses.
Puis, les lampadaires se rallument. Tout de suite, dans l'instinct peut être, on se remet à vite rentrer, on a un pas rapide. Sur la place Masséna, on veut reprendre le tram, mais il y a du monde qui attend. On ne veut pas rester dans les parages, on remonte vite à pied, d'autant que mes amies n'habitent pas très loin. Comme par hasard, tous les feux piétons sont au vert. En même pas dix minutes, on arrive à l'appartement, un record ! »
« A 15 minutes près, on y était… »
« On se pose, on s'hydrate, avant de me ramener chez une autre amie qui m'hébergeait. Et peu de minutes après, la mère de mon amie reçoit un coup de fil, c'est la grand mère. Elle nous demande où on est, si on va bien, et nous annonce qu'il se passe quelque chose de grave en ville. Elle parle d'attentat, de gens qui courent, d'un camion. On allume vite la télé pour vérifier l'info, on va sur les réseaux sociaux pour voir ce qui se passe. L'information est bien confirmée, nous sommes en état d'urgence, tous les niçois ne doivent pas sortir de chez eux, et je ne peux pas rentrer là où je logeais.
Un camion vient de foncer de plein fouet sur des dizaines d'innocents, et les gens courent et se sauvent. La panique, le carnage ! Je préviens tous mes proches, j'appelle, j'envoie des messages, je poste des publications, et je rassure. On est en sécurité!
Toute la nuit on ne cesse de regarder les infos, ces images, ces vidéos, atroces!
On s'inquiète, on imagine des scènes, des possibilités. Ce n'est pas possible, "ils" ont vraiment attaqué Nice, notre ville si chère à notre cœur. On est triste par ce qui se passe, on n'y croit pas, ce n'est pas possible ! Beaucoup d'émotions nous traversent, et on se dit qu'à 15 minutes près on y était. On était à environ 200m du camion arrêté. On a eu de la chance?! On a été prudentes?! Quoi qu'il en soit, on est encore là, ainsi que tous mes amis niçois et tahitiens, et leur entourage.
Mauruuru te Atua !
Désormais toutes mes pensées vont vers ces innocents, ces anges de la baie qui montent vers la lumière, et toutes ces familles endeuillées. Enfin, après 3h de sommeil, je me réveille sur un nouveau jour. Nice, fidèle à sa réputation, est resplendissante avec son soleil brillant et son ciel bleu azur. Il fait tellement beau, mais nos cœurs sont si tristes. »
Heiura, ancienne étudiante à Nice.
Son témoignage sera à retrouver dans les éditions d’informations télé de Polynésie 1ère ce lundi soir.
Après le dîner, il est 21h10, et on descend pour aller voir le feu d'artifice prévu à 22h. On prend le tram au niveau de la gare, deux arrêts après on est à la place Masséna. Pour être en face du spectacle lumineux, on décide de se mettre au carrefour au niveau du Mcdo sur la promenade.
Il y a du monde, et on se dit qu'on reste un peu en retrait, derrière la foule. Plusieurs fois lors de la descente, on se parle d'un risque de danger, car c'est un regroupement, qu'il y a du monde, que c'est une date importante pour la France, que c'est un événement connu de la côte d'azur. Mais on veut voir ce feu d'artifice, prendre du bon temps, ensemble, mon amie, sa mère et moi, avant mon retour sur Paris et Tahiti.
Quelques secondes après 22h, les lampadaires s'éteignent et le feu d'artifice débute. On prend des photos, des vidéos, on envoie des messages. On contemple le spectacle, les yeux pétillants et le sourire large. C'est la troisième fois que je le vois, et la première fois d'aussi près. Comme à chaque 14 juillet, c'est magnifique! Il est 22h20, et je filme le final, de multiples jets de couleurs lumineuses.
Puis, les lampadaires se rallument. Tout de suite, dans l'instinct peut être, on se remet à vite rentrer, on a un pas rapide. Sur la place Masséna, on veut reprendre le tram, mais il y a du monde qui attend. On ne veut pas rester dans les parages, on remonte vite à pied, d'autant que mes amies n'habitent pas très loin. Comme par hasard, tous les feux piétons sont au vert. En même pas dix minutes, on arrive à l'appartement, un record ! »
« A 15 minutes près, on y était… »
« On se pose, on s'hydrate, avant de me ramener chez une autre amie qui m'hébergeait. Et peu de minutes après, la mère de mon amie reçoit un coup de fil, c'est la grand mère. Elle nous demande où on est, si on va bien, et nous annonce qu'il se passe quelque chose de grave en ville. Elle parle d'attentat, de gens qui courent, d'un camion. On allume vite la télé pour vérifier l'info, on va sur les réseaux sociaux pour voir ce qui se passe. L'information est bien confirmée, nous sommes en état d'urgence, tous les niçois ne doivent pas sortir de chez eux, et je ne peux pas rentrer là où je logeais.
Un camion vient de foncer de plein fouet sur des dizaines d'innocents, et les gens courent et se sauvent. La panique, le carnage ! Je préviens tous mes proches, j'appelle, j'envoie des messages, je poste des publications, et je rassure. On est en sécurité!
Toute la nuit on ne cesse de regarder les infos, ces images, ces vidéos, atroces!
On s'inquiète, on imagine des scènes, des possibilités. Ce n'est pas possible, "ils" ont vraiment attaqué Nice, notre ville si chère à notre cœur. On est triste par ce qui se passe, on n'y croit pas, ce n'est pas possible ! Beaucoup d'émotions nous traversent, et on se dit qu'à 15 minutes près on y était. On était à environ 200m du camion arrêté. On a eu de la chance?! On a été prudentes?! Quoi qu'il en soit, on est encore là, ainsi que tous mes amis niçois et tahitiens, et leur entourage.
Mauruuru te Atua !
Désormais toutes mes pensées vont vers ces innocents, ces anges de la baie qui montent vers la lumière, et toutes ces familles endeuillées. Enfin, après 3h de sommeil, je me réveille sur un nouveau jour. Nice, fidèle à sa réputation, est resplendissante avec son soleil brillant et son ciel bleu azur. Il fait tellement beau, mais nos cœurs sont si tristes. »
Heiura, ancienne étudiante à Nice.
Son témoignage sera à retrouver dans les éditions d’informations télé de Polynésie 1ère ce lundi soir.