"Je suis à 325 millions que je divise par 3 000, ça fait 5 000 francs par jour. 10 jours 1 million ». Le cri du désespoir car ce chiffre, c’est la pénalité que ce directeur d’entreprise spécialisé dans la construction risque de payer s’il ne respecte pas les délais de réalisation du chantier. Car depuis février 2020, en plus de la pandémie, c’est à une pénurie de matières premières comme l’acier, le pvc, le bois ou encore le béton à laquelle il doit faire face. Et si jusqu’ici il réussit à conserver ses 165 employés c’est parce qu’il bénéficie d’une aide du Pays.
« Nous avons un CSE, un contrat de soutien à l’emploi, nous allons certainement le prolonger au-delà du mois de novembre. Puisque nous en sommes en difficulté depuis plusieurs années sur l’emploi…Ecoutez-nous, comprenez-nous et rédigez des lois qui nous permettent de passer ce cap très difficile », explique Olivier Roquette, directeur d’une entreprise de BTP.
Dans l'expectative
Car 1 500 salariés en dépendent. La Chambre syndicale des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de la Polynésie française l’a signalé aux pouvoirs publics. Le public qui représente 70% des commandes. Sauf qu’elle ne voit toujours rien venir malgré les annonces des grands chantiers.
« On est dans l’expectative, il faut garder espoir, parce que c’est ça qui nous fait avancer. On est dans l’attente des annonces concrètes, et surtout on est un peu pragmatiques et aujourd’hui on attend que les chantiers démarrent surtout », souligne Thierry Chansin, président de la CSEBTP.
La Chambre a ainsi préconisé un observatoire des prix pour une meilleure visibilité sur le long terme, car la vision du secteur se borne à 2022. Une requête qui a fait écho auprès du ministère de l’Economie. Yvonnick Raffin qui planche sur la mise en place d’un comité de sortie de crise : « C’est un comité qui sera composé des représentants de l’Etats, du Pays. Des techniciens de l’IEOM, DGFIP, DICP, ISPF, et surtout aussi des partenaires bancaires et du tribunal mixte du commerce…il sera là pour écouter d’abord les entreprises en difficulté et sera chargé de leur apporter les réponses à leurs problématiques, à les orienter le mieux possible et puis à les accompagner. »
Et dès aujourd’hui Yvonick Raffin s’engage à demander la clémence en ce qui concerne les pénalités auxquelles est soumis le secteur.