Édouard Fritch élu président de la Polynésie française

Édouard Fritch est le 17ème président de la Polynésie française. Sans surprise, il a été élu grâce aux voix de la majorité, le Tapura. La surprise, c'est qu'il a recueilli 39 voix, pour 38 représentants Tapura.
Le président sortant, Édouard Fritch a été élu à la tête de la Polynésie française avec 39 voix. Geffry Salmon n'a recueilli que 10 voix, alors qu'il y a 11 représentants Tahoeraa. Oscar Temaru obtient 8 voix.

Avant le vote, chaque parti représenté à l’assemblée a présenté un candidat à la présidence de la Polynésie française : Édouard Fritch pour le Tapura, Geffry Salmon pour le Tahoeraa, et Oscar Temaru pour le Tavini, soit les têtes de liste des dernières territoriales.

Un tirage au sort a été effectué pour déterminer l’ordre de passage des candidats à la tribune pour un discours ne pouvant pas excéder 45 minutes.

C’est Geffry Salmon qui s’est exprimé en premier, en commençant par souhaiter « bon vent, bonne mer » à la majorité. « Désormais minoritaire », le Tahoeraa participera aux travaux de l’assemblée, « notre présence ne se résumera pas à une simple présence », assure Geffry Salmon, même s’il estime qu’il y a « fort à parier que (les) amendements (du parti orange) seront rejetés ».

Le candidat du Tahoeraa a dressé un tableau sombre de l’état de la Polynésie française, « une société prise de vertige », un pays où la « délinquance grandit avec la montée de la précarité ». Il a aussi pointé du doigt une « démocratie de marché ».

« Notre pays ne va pas bien. (…) Les problèmes sont les mêmes qu’hier : crise de l’emploi et pauvreté », note Geffry Salmon, quelques instants après avoir déclaré que « la Polynésie d’aujourd’hui, on la doit aussi au Tahoeraa ».

En conclusion de son discours d’un quart d’heure, le candidat du parti orange a fait remarquer au parti au pouvoir qu’il allait falloir « faire vite pour répondre aux attentes ». Puis, il a de nouveau assuré que le Tahoeraa ne ferait « pas d’obstruction ». « Notre opposition sera constructive, au service du bien commun », affirme Geffry Salmon, qui donne rendez-vous aux électeurs dans cinq ans.


Oscar Temaru a ensuite pris la parole pour un long discours, d’abord en tahitien, puis en français, avec une chanson et la lecture d’une lettre.

Après avoir placé le drapeau de l’Onu sur le pupitre, le candidat du Tavini a raconté d’où il venait, où son placenta avait été planté. Il a retracé son parcours politique et dénoncé la politique des autonomistes. Puis, il a entonné une chanson fustigeant le capitalisme, invitant la population à ne pas céder aux sirènes de l’argent.

Oscar Temaru s’est ensuite exprimé en français pour lire une lettre signée Jean-François, un jeune militant Tavini, mettant l’accent notamment sur la probité, thème phare de la campagne du parti indépendantiste aux territoriales.
Le président du Tavini est revenu sur l’annonce d’Édouard Fritch, qui dit avoir l’intention de préparer sa succession dans deux ans. « On espère ne pas revivre une période d’instabilité », a-t-il déclaré.

Oscar Temaru a alors longuement dénoncé la politique menée ces trente dernières années par les autonomistes. La pauvreté, le chômage, l’illettrisme sont les conséquences de cette politique, a-t-il affirmé. « Vous avez bouleversé les mentalités. Résultat : on élit des personnes bien connues des palais de justice. Vous avez ensorcelé tout le monde, c’est la seule explication », a dit Oscar Temaru. Une déclaration qui a provoqué des réactions dans les rangs de la majorité, ce qui n’a pas freiné le candidat du Tavini, qui s’est demandé si le « syndrome de Stockholm était une maladie radio-induite ».

Dépassant le temps imparti, Oscar Temaru a terminé son discours en appelant à « orienter notre jeunesse vers Pacifique. Il n’y a pas que Paris dans le monde ! »


Au drapeau de l’Onu, Édouard Fritch a répondu par les drapeaux de la Polynésie française et de la République française, posés sur le pupitre. Le candidat du Tapura a commencé par répondre à Oscar Temaru : « Je pardonne tous ces mensonges, cette haine envers nous parce que nous sommes des autonomistes », a-t-il déclaré tout en dénonçant « des propos racistes ».

Édouard Fritch a ensuite remercié les maires pour le rôle qu’ils ont joué lors des élections, et il a formulé le vœu que les débats à l’assemblée soient des « débats politiques et pas systématiquement politiciens ».

S’en est suivi un vif échange entre le candidat du Tapura et le candidat du Tavini à propos du statut de la Polynésie française. Édouard Fritch a alors lancé une pique à son opposant : « La corruption, c’est un thème qu’on a beaucoup entendu, c’est un sujet important. L’exigence de probité n’est pas que liée à la corruption. Quand vous recevez, au lendemain du 1er tour, le président du Tahoeraa, ça, c’est un manque de probité. »

Selon le candidat du Tapura, les électeurs ont fait leur choix, et non la communauté internationale. Ils ont choisi « la paix, la stabilité, le bon sens, le dialogue et le partenariat avec l’État, ils ont choisi la simplicité, l’humilité, ils ont choisi l’autonomie ».

Dressant les mêmes constats que ses opposants sur l’état de la Polynésie française – chômage, pauvreté, alcoolisme, violences familiales, perte de repères -, Édouard Fritch a annoncé son programme pour faire évoluer la situation. Il propose la création d’un centre à destination principalement des SDF, la mise en place d’un couvre-feu pour les enfants et les adolescents, la construction d’établissements pour personnes âgées, un soutien aux associations d’insertion professionnelle, la gratuité des transports en commun pour les personnes handicapées, les étudiants et les demandeurs emploi, avec également une aide au financement du permis de conduire pour les jeunes. Le candidat du Tapura entend aussi favoriser pratique sportive.

Édouard Fritch veut aussi moderniser le pays, en établissant trois axes : la nécessité de rapprocher administration des citoyens, la transition énergétique et environnementale, et la transition énergétique et humaine.

Les chantiers sont nombreux, « parce qu’ils sont indispensables », d’après le candidat du Tapura. Il n’est pas question seulement des grands projets, mais aussi de la réforme de la PSG, qu’Édouard Fritch compte remettre sur la table dès les prochaines semaines. Il a aussi insisté sur les questions environnementales.

Pour finir, il s’est de nouveau adressé à Oscar Temaru, en moquant le début du discours du candidat Tavini : « Je ne vais pas vous raconter où je suis né, ni que j’ai fait du coprah à Mahina… Ça n’intéresse personne. Mais je serai votre président, le président de tous les Polynésiens et le président de tous les archipels. » Édouard Fritch a enfin répété vouloir « donner une nouvelle image de la classe politique ».


Le discours d’Edouard Fritch de candidature à la Présidence de la Polynésie française est à télécharger ici :

Discours