Éducation : la Polynésie manque t-elle d'enseignants qualifiés?

Faute de viviers d'enseignants, ils sont 9 à enseigner dans les îles éloignées avec pour seul bagage en poche : le baccalauréat. Selon la ministre de tutelle, le pays manque d'enseignants qualifiés, et ceux qui le sont, ne veulent pas enseigner dans les îles éloignées.
 
Lors de la séance du 28 septembre 2018, l’ancienne ministre de l’éducation a interpellé sa successeure sur la situation des enseignants dans les îles éloignées.
Selon Nicole Sanquer, « La rentrée scolaire 2018 si elle s’est bien déroulée, a toutefois revêtue un caractère particulier en matière d’affectation des enseignants. En effet, 23 classes n’ont pas été pourvues de titulaires et notamment dans les archipels éloignés comme les Australes, les Marquises et les Tuamotu. Un contraste avec les rentrées scolaires de 2016 et de 2017. Aujourd’hui, sur ces 23 classes, 9 sont tenues par des contractuels sans expérience et titulaires seulement d’un bac ou d’un bac pro. Il s’agit des écoles de Amaru/Motuaura à Rimatara, de Hakamaii à UA POU, de Hane à Ua Huka, de Hohoi à Ua pou, de Amanu, de Marokau, de Nukutavake ou encore de Tematangi aux Tuamotu. ».

Dans sa réponse, Christelle Lehartel a effectivement reconnu que ces enseignants contractuels sont « inexpérimentés », et que « les jeunes diplômés ne sont pas volontaire pour accepter un contrat, très souvent à temps partiel et souvent situé dans les îles éloignées ». Explications qu’elle a réitéré dans notre journal télévisé.
 

"15 jours avant la rentrée, nous avons dû nous préparer dans la précipitation"


Toujours selon Christelle Lehartel, la décision d’embaucher des CDD résulte du fait de laisser l’accès libre aux futurs professeurs des écoles, étudiants à l’ESPE (École Supérieure du Professorat et de l’ Éducation).
La ministre de l’éducation s’est aussi défendue en précisant qu’une « formation d’adaptation à l’emploi a été mise en œuvre les deux premiers jours de la rentrée pour les nouveaux enseignants (gestion de classe et didactique) animée par les inspecteurs et la DGEE. ».

Manque d’enseignants : un problème récurrent

A chaque rentrée scolaire, ce problème est évoqué. En 2014 déjà, le ministre de l'éducation Michel Leboucher, souhaitait mettre en place des mesures d’incitation pour qu’un maximum d’élèves du premier degré puisse disposer d’une bonne qualité d’enseignement, notamment dans les archipels. La volonté était d’atteindre 90% d’enseignants titulaires à la rentrée d’août 2014. Cela n’aurait apparemment pas été réalisé puisqu’aujourd’hui encore, cette question subsiste.

En 2016, le ministère de l’éducation local aurait déployé des contrats qui « avaient des bases réglementaires et juridiques illégales que le juge a requalifié et condamné le vice-rectorat ».
Car l’option choisie par le ministère il y a deux ans, avoir recours à des CDD conduisant à la réduction du nombre d’heures et de salaire des contractuels, afin d’augmenter le nombre de recrutements par poste budgétaire de la fonction publique de l’état. Certains contractuels auraient ainsi saisi le tribunal du travail pour contester cette mesure. Ils auraient obtenu gain de cause, puisque le Vice-rectorat aurait été condamné à verser à ces derniers les salaires relatifs aux périodes de suspension de contrat et aux rappels des salaires. Par la suite, le Vice-rectorat aurait engagé des procédures de licenciement à l'encontre des plaignants au motif qu'ils n'avaient pas été recrutés par concours ou par sélection, avant d’abandonner  les procédures compte tenu des situations sociales des personnes concernées.

Aujourd’hui, 30 066 élèves sont scolarisés dans les établissements publics de la Polynésie.