Exposition Evrard Chaussoy : toutes les nuances des îles

Putuputu, c'est le nom d'une nouvelle exposition signée Evrard Chaussoy. Traduisez "rassembler", elle vient célébrer la vie en communauté. L'artiste invite, au travers de chaque tableau, à prendre une bouffée d’oxygène dans un monde si anxiogène.

 

Chez les  Chaussoy de Raiatea, la peinture est une passion que partagent le père et ses fils. Le plus jeune Evrard expose depuis 2002 et a eu du mal à sortir du syndrome de l’imposteur. Car ce jeune homme, humble et poli, se sentait fragile au regard de l’œuvre familiale. Il prend peu à peu ses marques et nous propose aujourd’hui une exposition très intéressante. De la peinture au couteau, exécutée un peu à la manière des impressionnistes, qui nous emmène dans un voyage heureux au pays de l’insouciance. Il joue beaucoup avec la lumière et tente des couleurs osées qui, finalement, se révèlent judicieuses.

 

Mais Evrard est aussi un citoyen et passe quelques messages avec la douceur qui le caractérise. "On voit la position de la banane comment elle est tenue, c'est très suggestif, c'est un petit clin d'oeil à l'actualité locale concernant l'armurerie. C'est mon opinion personnel. Je pense qu'en tant qu'artiste on se doit de véhiculer nos opinions". Pareil pour celui -ci : un retour de pêche qui devient un thème récurrent dans son œuvre. "Chaque année, j'ai rajouté un déchet en fonction de l'actualité. Cette année, évidemment, c'est le masque qui s'imposait à nous". 

 

On s’arrête au passage sur ces deux personnages, affublés d’un accessoire qui marquera les années 20 du premier centenaire du XXIe siècle. Mais revenons à ces scènes, joliment éclairées d’un soleil généreux et qui ont aussi des choses à nous dire. "C'est l'absence de culpabilité (...) Aujourd'hui, quand je suis en position où il y a du monde et je n'ai pas possibilité de respecter les gestes barrières, on se sent presque coupable d'être là. Et dans ce truck-ci, il y a de l'insouciance, tout le monde est là sans le masque et c'est naturel". Ces 25 toiles ont été peintes durant le confinement et les mois difficiles qui ont suivi. Beaucoup sont vendues car même si il ne le sait pas, Evrard a trouvé les justes nuances pour nous parler des îles.