La France va expérimenter l’usage du cannabis thérapeutique, et la Polynésie ?

L’Assemblée nationale a donné son feu vert, ce vendredi, à une expérimentation de l’usage médical du cannabis. En Polynésie une association qui utilise déjà le monoï au cannabis pour traiter certaines pathologies se bat pour être intégrée à ces tests.
C'est un premier pas vers la légalisation, peut-être un jour, de l'usage du cannabis à visée thérapeutique en France. Les députés ont voté à main levée aujourd'hui un amendement du rapporteur Olivier Véran (LREM) qui autorise pour deux ans une telle expérimentation, à laquelle l’agence du médicament (ANSM) avait déjà donné son aval.​

Une nouvelle saluée en Polynésie par l’association Tahiti Herb Culture, qui milite pour l’usage du cannabis thérapeutique depuis de nombreuses années.
« On a interpellé l’assemblée et on n’a jamais eu de réponse de Gaston Tong Sang » déplore Karl Anihia, président de l’association, qui souhaiterait que l’expérimentation soit menée en Polynésie également. Karl Anihia va rencontrer la semaine prochaine le député de la Polynésie Moetai Brotherson.

Tahiti Herb Culture a déjà aidé plus de 70 personnes à se traiter avec du monoï au cannabis, en toute illégalité. « 20L ont été jetés par les gendarmes a Moorea récemment », déplore Karl. « Il faudrait qu’ils ouvrent les yeux et qu’ils voient que dans le monde entier, ça se démocratise » ajoute-t-il.
 
Le collectif CIRC (collectif d'information et de recherche cannabique), qui milite en France depuis 1993 sur cette question, va aider Tahiti Herb Culture à intégrer 50 personnes déjà aidées par l’association dans ces essais cliniques qui démarreront début 2020 en métropole.

Soulager les maladies graves ou les effets secondaires des traitements lourds

Cette étude pourra porter sur 3.000 patients en France et visera à expérimenter l’impact positif des dérivés du cannabis sur certaines pathologies. 17 pays de l’Union européenne ont déjà autorisé des traitements à base de cannabis médical.

Cette expérimentation concernera des personnes souffrant de maladies graves – certaines formes d’épilepsies, de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou contractions musculaires incontrôlées de scléroses en plaques – pour lesquelles les dérivés du cannabis peuvent constituer un apport thérapeutique supplémentaire.

Elle sera menée dans plusieurs centres hospitaliers, en particulier des centres de référence pour les pathologies concernées. Une prescription initiale hospitalière sera effectuée par un médecin spécialiste, neurologue ou médecin de la douleur notamment.

Les patients devront d’abord se fournir en pharmacie hospitalière puis pourront renouveler leurs traitements en pharmacie de ville. L’agence du médicament s’est prononcée en faveur de modalités d’administration assez larges : le traitement pourra ainsi prendre la forme de fleurs séchées, d’huiles et éventuellement de tisanes.

Les différentes posologies pourront intégrer des rapports très variables entre les deux principes actifs : le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD) qui entraîne plutôt une relaxation musculaire.