Gilbert Chaussoy : Adieu l'artiste !

L'artiste Gilbert Chaussoy est décédé mardi 21 juillet à Raiatea. Il laisse derrière une famille mais aussi une oeuvre picturale et artisanale immense.
Le son de ses ukulele résonnait aux quatre coins de la Polynésie. L’artiste Gilbert Chaussoy est décedé ce mardi 21 juillet à Raiatea. L’homme de 46 ans était bien connu sur l’île où il avait installé son atelier. Hommage à cet Artiste disparu.

Mise à jour du 23 juillet 2015 :
Une prière sera dite ce soir, jeudi 23 juillet, à 18h30 à la morgue de l'hôpital d'Uturoa.


Le corps sera ensuite exposé au domicile familial de Tonoi, vendredi 24 juillet à partir de 9h, et la grande veillée se tiendra dès 19h.
La levée du corps aura lieu le samedi 25 juillet à 8h30

La cérémonie religieuse se tiendra à la Paroisse Catholique de Saint André (Uturoa), aux alentours de 8h45, suivi de l'inhumation au cimetière Vaitaporo prévue à 10h.

De ses dix doigts, l’homme en avait fait de l’or… Fils de l'artiste Joseph Chaussoy, originaire de Raiatea, Gilbert Chaussoy avait de qui tenir. Peintre, artisan et fabriquant de ukulele... Gilbert Chaussoy était un artiste complet. Mais avant de devenir cet artiste à part entière, l’homme a d’abord été un chef d’entreprise. Avec son père, il a monté sur Raiatea la première société d’impression de tissu Arii Tahiti, qui deviendra Arii Creations.

Par la suite, il migre sur Tahiti afin de lancer son entreprise de fabrication d’enseigne. Avec lui, il emmène  sa famille : sa compagne et ses cinq enfants. "Il était dévoué à sa famille", confie sa fille, Poerava. "Il a toujours fait passer sa famille et ses enfants avant tout. Il vivait pour que nous ne manquions de rien, il a fait de nous sa priorité. Il a travaillé toute sa vie pour nous offrir la meilleure éducation et nous donner toutes les chances de réussir dans la vie". Il y a quelques années, ce père de famille avait offert à sa fille, Poerava, qu'il avait eu avec sa compagne à l'âge de 16 ans, une peinture de la jeune femme alors enceinte de son fils cadet.

"C'est un cadeau de mon papa, une peinture de moi, enceinte de mon fils cadet, Keahi ...", confie Poerava, la fille de l'artiste.

L’homme n’était pas seulement un homme d’affaires et un père de famille aimant, il était aussi un grand amateur de pêche, il partait d'ailleurs souvent en mer avec son frère et participait régulièrement à des concours. Mais, par dessus tout, Gilbert Chaussoy était un artiste respecté et reconnu. Considéré comme l’un des meilleurs peintres contemporains du fenua, l'homme a à son actif des dizaines de tableaux, de fresques ou encore de sculptures. 


Même si ces oeuvres ont fait la réputation du peintre auprès des professionnels de l’art, l'homme était surtout connu pour ses peintures de scènes de vie tahitienne. Par ailleurs, depuis 2010, quelques-uns de ses chefs d’œuvres sont exposés à la galerie Au chevalet de son ami Joseph Prokop.


Un artiste modeste et sensible


Ces dernières années, l’homme s’était essentiellement consacré et illustré dans la fabrication artisanale du ukulele. « Artisanale », un mot qui lui tenait à cœur. Pour lui, rien ne semblait plus important que d’offrir à ses clients un instrument de musique fabriqué à la main et unique. D’ailleurs, Gilbert Chaussoy nommait chacun de ses ukulele. Le 10 juillet dernier, une équipe de journalistes de Polynésie 1ère a  eu la chance de le rencontrer dans son atelier. Passionné, l’artisan était alors en pleine fabrication d’un ukulele


Durant la rencontre avec nos journalistes, plusieurs clients sont passés à son atelier. Tous recherchaient la même chose : l'originalité et le caractère unique de l'instrument mais aussi, et c'est bien là le plus important, la qualité du son. Steve Terau, musicien dans un groupe de danse de Raiatea, ne se fournissait plus que chez Gilbert Chaussoy et ne jurait que pas le son de son ukulele.


Les commandes pouvaient venir d'un peu partout de la Polynésie française, et certains particuliers avaient parfois des demandes bien singulières. Dernièrement, on lui avait demandé de fabriquer un ukulele avec la forme de l'île de Moorea.Un projet qui lui plaisait... Modeste et discret, Gilbert Chaussoy n’était pas du genre à aimer parler de lui durant des heures. Mais, lorsqu’il parlait de son art, l’homme en parlait avec amour, poésie et générosité…


Depuis deux ans, l’artisan s’était donc lancé dans la fabrication de cet instrument à cordes typique de la Polynésie. Un moyen pour lui également d’assouvir une autre passion : la musique si chère à son enfance. Pour mieux adapter la fabrication de l’instrument à son utilisateur, Gilbert Chaussoy prenait le temps de discuter avec ses clients. Un moment d’échange important dans la conception de l'oeuvre.


Même s'il aimait dire qu’il ne savait pas en jouer, l’artiste avait appris quelques accords au ukulele avec son professeur Steve. Mais, finalement, l'homme préférait écouter jouer les professionnels pour mieux apprécier le son de ses instruments...


Aimé pour son extrême gentillesse et sa bienveillance, Gilbert Chaussoy était aussi un personnage au grand cœur et sans langue de bois. Altruiste mais parfois solitaire, l'artiste aimait partir en pirogue, un ukulele dans une main et une rame dans l'autre, au milieu du lagon pour se réfugier et trouver l'inspiration. Au fil des ans, Gilbert Chaussoy s'était construit son petit coin de paradis.


"Il laissera une trace indélébile dans nos coeurs. Ses toiles et oeuvres artistiques seront le témoignage de son passage et laisseront la touche de douceur que ses proches lui connaissaient", confie Poerava, sa fille. En quittant ce monde, l'homme laisse derrière lui une oeuvre immortelle et un souvenir éternel...

Retrouvez le sujet du JT qui lui rendait hommage, le mercredi 22 juillet 2015 :