Heiva 2014 : la belle litanie des Australes

Le groupe de chants Pupu Tuhaa Pae au Heiva 2014
Le Heiva, ce n'est pas seulement de la danse mais, aussi, du Tarava. Chaque soir, un groupe de chant monte sur To’ata pour enivrer les oreilles des spectateurs, toujours plus nombreux. Polynésie 1ère a suivi le groupe des Australes, Pupu Tuhaa Pae.
Ils étaient quatre vingt dix huit sur la place To’ata. Soixante trois filles et trente-quatre garçons à chanter une litanie de Rurutu, île des Australes. Un himene de neuf voix aussi enivrant que puissant… « Je suis fière, c’est une belle victoire pour nous », confie Titaina, la secrétaire du groupe Pupu Tuhaa Pae qui a concouru pour le prix du meilleur chant, en catégorie Tarava Tuhaa Pae, lors de la troisième soirée du Heiva i Tahiti. « A la répétition générale, nous étions qu’une soixantaine. Pour le jour J, on a réussi à rassembler tout le monde, et surtout les jeunes ». La force de ce groupe, c’est justement sa jeunesse. Rares sont les troupes de chants qui réussissent à intéresser la jeune génération. « C’est plutôt un truc des anciens », ironise l’un des jeunes chanteurs et, aussi, danseurs du groupe, qui, comme la majorité de ses camarades, a néanmoins tenu à participer à ce Himene. « C’est important de faire vivre notre culture », rappelle le jeune homme qui avoue avoir tardé à venir aux répétitions, commencées en mai. « Au début, il a fallu les pousser mais une fois que c’est devenu mélodieux, ils ont accouru », s’amuse Tavana Vahine. 
 

Comme un air de paroisse

 
C’est elle qui a écrit et composé le Tarava de ce Heiva. Cette année, la troupe a choisi de raconter le thème de Tarei a Tururaroitera’i i to’ata. L’histoire de ce jeune homme à demi poisson qui, après la disparition de son ami Tarei, un nason à éperon orange, part à sa recherche. Il fait d’abord le tour de Rurutu puis de toutes les îles de l’archipel avant de se rendre jusqu’à la passe de Vai’ete à Tahiti. C’est au fond de cette passe que Tururaroitera’i retrouve son ami, alors pris au piège dans les filets du chef de district de Tipaerui, Taanuunuu. Ce dernier refusant de libérer le poisson, propose un combat en duel qui va se dérouler en mer, dans la passe. Pourvu de nageoires, Tururaroitera’i gagne évidemment la bataille, et son adversaire meurt après avoir eu les cheveux entortillés sur un gros corail. Un corail que l’on surnomme désormais To’ata, en souvenir du combat des intrépides. Tavana Vahine, un personnage haut en couleur qui ne se sépare jamais de sa couronne de fleurs,  s’est inspirée des chants de sa paroisse protestante à Rurutu pour composer son himene. « Tous les fidèles de la Polynésie Française vont reconnaître l’air », confie la mama, pas peu fière d’avoir porté son Tarava jusqu’à la place To’ata.
 

Des règles à suivre
 

La plus grande difficulté dans le travail de composition, c’est de suivre le règlement à la lettre tout en respectant le thème. « Une fois, se rappelle Tavana Vahine qui a participé à de nombreux  Heiva depuis 2002, on a été éliminé d’office car un ancien avait écrit le chant avec seulement deux strophes, comme c’est le cas dans les paroisses. Sauf que la règle au Heiva dit qu’il en faut sept. On a quand même tenu à chanter… ». Tavana Vahine n’a pas fait la même erreur, et a donc composé sept strophes de six lignes. Au total, elle a écrit quatre chants traditionnels, comme imposés par le concours : le himene tarava, le himene ru’au, le ute pari pari et le ute arearea, ce dernier étant facultatif. « C’est du travail mais ça vaut le coup », confie t-elle, encore émue d’avoir vu tous ces jeunes chantés son tarava. « C’était beau », souffle t’elle.  Le public de To’ata, lui a donné raison.
 

Critères généraux de notation du concours de chants :

 
Thème : 12 points
Tonalité : 16 points
Rythme : 20 points
Les différentes voix : 40 points
Présentation générale (le ra’atira, les costumes et le dynamisme du groupe) : 12 points
 
La différence entre les Tarava Raromatai, Tahiti et Tuhaa Pae se jouent, en générale, sur les voix.

Le groupe de chants Pupu Tuhaa Pae, depuis les répétitions jusqu'au jour J :

Copyright : Suliane Favennec, Polynésie 1ère