Il y a 1 an, le virus emportait Justine et Teta

Ils étaient octogénaires, ne sortaient que rarement de chez eux et vivaient sous la tutelle de leur fille. Ils, ce sont Taaroamea Justine et Teheiura Teta, les premières victimes du virus. C’était il y a tout juste un an.

La première personne morte du virus a un nom : Taaroamea Justine. A 81 ans, elle est entrée dans l’histoire de la Polynésie comme la première patiente décédée du covid-19. C’est arrivé un jeudi dans la nuit. Le 10 septembre 2020 précisément.

"Tout s’est enchainé, ça a démarré le 1er septembre quand mon grand-père est tombé dans la salle de bain. Ensuite on a dû l'hospitaliser. Une fois à l'hôpital, on le teste. Il est positif. Du coup, on décide de le garder", explique Jason Manai, petit-fils du couple.

 

Débute alors une course contre la mort. Une épreuve dont il ne sortira pas vainqueur. 7 jours après son hospitalisation, il décède de défaillance respiratoire. Sa femme a déjà rejoint l’autre rive 4 heures avant lui. Pour la famille c’est le choc, car du covid, on ne savait finalement pas grand-chose. "C’est le flou pour nous parce que justement, c'est tout nouveau, on ne connaît pas. On se demandait : comment se fait-il qu'on l'a ?, par qui on a pu l'avoir ?, où ? alors qu'on ne sort pas, et mes grands-parents non plus ne sortent pas. On s'occupait d'eux en ce temps-là et on se posait beaucoup de questions sur comment on a pu l'avoir en fait", poursuit Jason Manai.

Une absence très pesante

 

Une question qui reste encore en suspens aujourd’hui. Impossible dans ces conditions de faire son deuil. Car avec la perte, il y a l’absence de corps. Mais aussi tout ce qui les rappelle : "ben, ça fait mal en fait, le fait de voir les ambulances passer, en plus on habite en bord de route, du coup t'entends toutes les ambulances passer...dans la tête, les ambulances, le téléphone on ne pouvait plus l'entendre sonner...même au bout d'un an c'est difficile".

 

Le temps du recueillement est arrivé. Les 4 enfants du couple se rendent régulièrement au 5e étage du cimetière de l'Uranie. Là-bas, trône désormais leur tombe. D'eux, Jason a appris ce que doit être la vie : "J'encourage les petits-enfants à vivre avec leurs grands-parents, à apprendre d'eux, pour pouvoir avoir pleins de souvenirs mais aussi avoir des valeurs et des principes".

Le premier mort du covid a ainsi un nom. Les autres sont des numéros dans la longue liste. Si un artiste pouvait graver le nom de chaque personne décédée du covid sur une stèle, cela aiderait les familles à faire leur deuil.