Après l'attaque mortelle d'un nageur en Nouvelle-Calédonie infligée par un requin, la psychose s'empare de la population qui demande des mesures de protection. Sollicités, les scientifiques avancent des hypothèses. Pour l'instant, et heureusement, la Polynésie semble épargnée.
L'attaque mortelle d'un requin contre un nageur dimanche en Nouvelle-calédonie reste un mystère pour les scientifiques. Aucune circonstance ne peut expliquer ce drame qui a tendance à se répéter depuis quelques années dans les eaux calédoniennes. Là-bas, Claude Maillaud, médecin et chercheur rattaché à l'université de Nouvelle-Calédonie, explique que "jusque vers la fin du 20e siècle , les victimes d'attaques de requins, notamment de requins-tigre, étaient essentiellement des chasseurs sous-marins...Là, avec les 5 dernières attaque de requins-tigre, on a un apnéiste, 3 nageurs, une plongeuse en scaphandre autonome. Aucune de ces personnes n'avait pris de risque, s'était mise en situation favorisant l'attaque de dimanche".
Dégâts collatéraux
Le requin-tigre, puisque c'est lui qui est soupçonné lors de l'attaque dimanche en Nouvelle-Calédonie, serait un apportuniste. Tout comme le requin grand blanc ou le bouledogue, il est un prédateur occasionnel de l'homme. Comme ces 3 espèces sont présentes dans les eaux calédoniennes, certains commencent à se dire s'il ne faudrait pas généraliser les interdictions de baignade comme ce fut le cas après les attaques de squales à la Réunion.
Pour Claude Maillaud, "ces interdictions sont des réponses au coup par coup et des situations de crise. Les autres dispositifs de protection font l'objet de controverses. Ainsi les filets anti-requins sont décriés car il y a beaucoup de captures accessoires, et donc ce sont des objets délétères pour la faune marine", déclare le spécialiste. Il ajoute qu'"il est essentiel d'étudier les populations de requins dans les zones à risques, les horaires à risques".
Ne pas globaliser
L'an dernier, Eric Clua, un autre spécialiste des squales dans le Pacifique, et surtout de Polynésie, allait encore plus loin dans l'analyse des attaques de requins. Il expliquait que "cette problématique des morsures sur l'homme relève malheureusement et globalement d'une mauvaise compréhension. On pense qu'il y a un problème en général avec les requins, avec une espèce de requins". Le spécialiste pensait que "ce n'est pas le cas". Son hypothèse était de "prouver que c'est un problème de comportement individuel, de certains individus...Un requin qui va mordre l'homme, dans un but de prédation, pour se nourrir dessus, va probablement le faire de façon très rare, s'il est suffisamment audacieux et affamé. En revanche ce requin-là aura tendance à recommencer. Donc le problème viendrait non pas des requins en général, mais avec ces animaux-là".
En tout cas, la psychose semble déjà s'installer en Nouvelle-Calédonie. La population aimerait que les autorités prennent deux séries de mesures : d'une part le traitement très strict du système d'assainissement des eaux usées et des déchets, et d'autre part renforcer la surveillance des zones de baignade et d'activités nautiques à l'aide de guetteurs, de drones...