Une étude publiée dans la revue scientifique Nature démontre que le métissage des populations du Pacifique Sud est source de mutations bénéfiques qui leur ont permis de mieux s'adapter à leur environnement et de mieux résister aux maladies infectieuses. Et peut-être à des virus comme le Covid-19.
Comment les peuples d'océanie se sont adaptés à leur environnement ? Les chercheurs de l'institut Pasteur et du Collège de France ont d'abord effectué un travail historique sur les mélanges des populations et les migrations.
Il y a 45 000 ans, des peuples sont partis d'Afrique et se sont installés sur certains territoires océaniens. Une 2e phase datée à 5000 ans montre que des populations sont venues vraisemblement de Taïwan et des Philippines peupler les terres de l'Océanie lointaine, notamment la Nouvelle-Calédonie.
"On voit chez l'homme et d 'autres espèces que le métissage est un véhicule d'adoption génétique face à l'environnement et donc particulièrement pour s'adapter face aux virus", explique Jérémy Choin, étudiant-chercheur en génétique humaine à l'institut Pasteur.
Un travail de séquençage sur 317 génomes humains représentant 20 populations océaniennes différentes ont permis de révéler que les populations du Pacifique sud possédaient entre 2 et 3% de gènes de Néanderthal et jusqu'à 3% de gènes hérités de l'homme de Denisova.
"L'homme de Denisova a donné aux populations du Pacifique presque exclusivement des mutations qui ont servi à ces populations-là de mieux résister aux infections et plus généralement aux maladies infectieuses", détaille Luis Quintana Murci, professeur au Collège de France et à l'institut Pasteur et responsable de l'unité génétique évolutive humaine.
La covid-19 et d'autres
Le pas est vite franchi pour savoir si ces mutations ont pu améliorer la résistance de ces populations à la covid-19.
"On peut peut-être émettre l'hypothèse que le métissage de l'homme de Néanderthal et celui de Denisova pourrait en fait protéger plus ou moins les populations face aux virus de type coronavirus ou même d'autres types de virus", ajoute Jérémy Choin.
Prochaine étape de l'étude, faire un état de santé général des populations des 5 archipels de la Polynésie.
Regardez le reportage de nos confrères d'Outremer la 1ere.