Alors que le 21 septembre marque la journée mondiale de sensibilisation à la maladie de l'Alzheimer, nous nous sommes intéressés à une des rares structures qui existent à Tahiti pour soulager les familles.
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Près d'1% de la population mondiale serait atteint par cette maladie, en Polynésie ils sont plus de 460, parmi eux, Maurice.
Il a fêté ses 80 ans le 11 septembre. Maurice est l’un des pensionnaires de la maison d’accueil « Les Nymphéas » à Punaauia.
Atteint de la maladie d’Alzheimer, son diagnostic a été posé en 2014, suite à une mauvaise chute.
En travaillant à plein temps et en élevant seule son enfant de 10 ans, la fille de Maurice, Stéphanie, n’arrivait plus à s’en occuper seule. L’état de son père nécessitait une surveillance constante, il en arrivait à oublier de manger. Aucune structure publique n’existe en Polynésie Française pour accueillir ces personnes âgées dépendantes. Sa rencontre avec Michèle Mure fut un vrai soulagement.
Michèle mène d’une main de fer dans un gant de velours sa maison d’accueil « Les Nymphéas » à Punaauia. Une structure familiale au bord du lagon, où les pensionnaires peuvent observer les bateaux qui passent. Idéal pour Maurice, ancien expert maritime. Grâce à la retraite de son père, Stéphanie peut débourser les 250 000 francs requis par l’établissement pour s’en occuper à plein temps. Un forfait comprenant le logement, la nourriture, les soins et même les activités.
Neuf personnes âgées sont ainsi logées, la dixième est décédée il y a quelques jours, « elle avait oublié de se réveiller » raconte Michèle avec douceur. Ici, seule Michèle est autorisée à crier ou gronder, mais c’est rare. Avant d’en arriver là, cette infirmière de métier connaît une multitude d’astuces pour parer aux crises de ses patients : câlins, baisers et dialogue.
Exceptionnellement, ici , le mensonge est autorisé, comme lorsque ce Monsieur de 92 ans cherche sa femme décédée « Elle est partie chez le coiffeur » lui répond-on « durant ses trente secondes de lucidité, ça ne sert à rien de déclencher une tristesse, nous sommes là pour les rassurer … » précise Michèle avec bienveillance … Musicothérapie, ergothérapie, activités artistiques; tout est fait pour stimuler ces patients pour la plupart atteints de maladies neurodégénératives.
« Les problèmes du handicap et de la dépendance font aujourd’hui l’objet d’une préoccupation de notre société. La dépendance des personnes âgées sera pour nous un défi médical, social et financier. Nous devons nous y préparer. Notre gouvernement a donc pris cette réforme à bras le corps et travaille, là encore, dans la plus large concertation. » C’est ce qu’a promis le président Edouard Fritch hier, lors de l’ouverture de la session budgétaire.
En attendant, l’association Polynésie Alzheimer organise des formations qui permettent aux familles de déculpabiliser et mieux comprendre les malades. 460 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en Polynésie Française, tout au moins diagnostiquée et suivies par la CPS. Mais le nombre théorique serait plus proche des 2000 personnes, c’est dire les besoins du pays en formation et structures d’accueil.