Préparer la commémoration du premier tir nucléaire en Polynésie et défendre les victimes du nucléaire et aussi leurs familles, tel était le thème de la réunion de l’association Moruroa e tatou et de l’Eglise protestante maohi samedi 24 avril. 200 personnes y ont participé.
« Le 2 juillet, ce sera pas nous qui allons parler, je crois on a assez parlé. Ce sera eux qui vont parler pour interpeller l’Etat français », déclare le pasteur François Pihaatae, président de l’église protestante maohi.
Eux, ce sont les ayants droit directs des victimes du nucléaire. Avec les vétérans de Moruroa, ils sont venus préparer la commémoration du premier tir nucléaire en Polynésie, c'était le 2 juillet 1966.
Parce qu’outre la maladie, les victimes s’interrogent sur l’avenir de leurs enfants. « Qui ne s’inquiète pas ? Déjà, avec le vécu que j’ai, et comme je suis dans le comité de Moruroa e Tatou. Avec tous les renseignements… j’avais pitié pour mes enfants. J’avais pitié de moi-même. C’est à cause de moi que, sûr et certain mes enfants auront tout ce que j’avais. Ils seront contaminés», dit Stanislas Tiaoao.
Créée le 2 juillet 2001, l’association Moruroa e tatou défend les victimes des essais nucléaires en Polynésie.
Pour Mitema Tapati, vice-présidente de l'association Moruroa e Tatou « sur les 7 000 dossiers, on a que 141 d’acceptés, et encore 141 dossiers de Maohi nui et d’Algérie. Donc les 20 ans de lutte c’est du temps perdu. »
Le président de l'association, Hiro Tefaarere, renchérit : "La folie c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent. »
La loi Morin visée
C’est pourquoi l’association change de stratégie. Car même si 95% des actions juridiques ont abouti à l’indemnisation des victimes, elle estime que la loi Morin est incomplète.
« Mais aujourd’hui le sort des ayants droit n’est absolument pas prévu dans cette loi. Et c’est ce qui faut changer. Et c’est la raison pour laquelle le thème de cette année c’est la famille polynésienne. Puisque c’est aussi elle et avant tout elle qui est touchée, indirectement mais sûrement par les conséquences des essais nucléaires français dans le Pacifique », estime Philippe Neuffer, avocat des victimes des essais nucléaires français dans le Pacifique.
Le 1er mai, une autre réunion à l’attention des familles des victimes des essais nucléaires, se tiendra à Moorea.